Doubs : l'analyse électorale ratée d'Estrosi

Doubs : l'analyse électorale ratée d'Estrosi

Baptiste BOUTHIER - 11 février 2015 à 18:00

Le député-maire de Nice s'égare quelque peu en évoquant un report de voix du PS vers le FN.

Depuis que le Front national est passé tout près, dimanche, d'obtenir un troisième député à l'Assemblée nationale à l'occasion de la législative partielle organisée dans la 4e circonscription du Doubs, chacun y va de son analyse électorale.

Mardi, sur iTélé, le député-maire UMP de Nice Christian Estrosi a ainsi tenté – confusément – d'expliquer que l'excellent score de la candidate du FN, Sophie Montel, était tout simplement dû à un report des voix du PS... «Lorsque je vois que le Parti socialiste a perdu 14% et que le Front national a gagné 14%, a-t-il lancé à Laurence Ferrari (autour de 7'20), vous ne pensez pas que le Parti socialiste peut aussi se poser des questions, et se demander de quelle manière faire revenir peut-être dans sa famille politique les 14% qu’il a perdu au bénéfice du Front national ?»

Une phrase qui appelle plusieurs remarques, précisions, et corrections.

Tout d'abord, il faut comprendre que Christian Estrosi parle en fait de l'évolution des scores du PS et du FN dans cette circonscription entre les premiers tours de l'élection législative nationale de 2012 et de l'élection législative partielle de dimanche – il le précise un peu plus loin dans l'interview.

Ensuite, le député-maire de Nice fait une confusion entre pourcentage et points de pourcentage (tout en gonflant les chiffres au passage).

Entre 2012 et 2015, le score du PS n'a pas plus diminué de 14% que celui du FN augmenté d'autant.

En réalité, Pierre Moscovici, candidat socialiste en 2012, avait alors obtenu 40,81% des suffrages exprimés, contre 23,87% pour Sophie Montel.

En 2015, le candidat PS, Frédéric Barbier, a fait 28,85%, et la candidate FN 32,6%. On observe donc une baisse d'environ 12 points pour le PS, et une hausse d'à peu près 9 points pour le FN, et non 14 et 14.

Ce qui correspond, si on veut être précis, à une baisse de 29% pour la majorité, et une hausse de 36% pour l'extrême-droite.

Surtout, cette simple lecture des pourcentages et l'analyse qu'en fait Christian Estrosi (une bonne partie des électeurs PS de 2012 ont voté FN en 2015) omet un point essentiel, celui de la participation.

Alors qu'elle s'était limité à 39,5% des inscrits il y a deux ans et demi, l'abstention est montée à 60,44% au premier tour de la législative partielle de cette année.

C'est loin d'être un détail, car entre 2012 et 2015, Sophie Montel a certes vu son score considérablement augmenter, de 23,87% à 32,6%, mais... elle a pourtant obtenu moins de bulletins de vote : 9 605 contre 8 382. Difficile, dans ces conditions, d'affirmer comme le fait Christian Estrosi que le FN a gagné des voix socialistes, quand il a perdu plus de 1 200 électeurs d'une élection à l'autre...

On ne peut tout simplement pas affirmer, de façon certaine, où sont passés tous ces électeurs socialistes (12 points de pourcentage, 9 000 bulletins de vote) disparus entre 2012 et 2015.

Mais le poids de l'abstention semble plus évident que celui d'un report massif des électeurs PS vers le FN

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