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Afrique du Sud : le bilan très mitigé de l’ANC

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Afrique du Sud : le bilan très mitigé de l’ANC Empty Afrique du Sud : le bilan très mitigé de l’ANC

Message par Oksana Mar 28 Oct - 18:15

Afrique du Sud : le bilan très mitigé de l’ANC

En Afrique du Sud, le bilan de 20 ans d’ANC au pouvoir est particulièrement négatif.
Par Kevan Saab.

Les obsèques de Nelson Mandela, figure emblématique de la lutte pour l’égalité raciale, nous donne l’occasion de nous intéresser de plus près au bilan des années postapartheid en Afrique du Sud.

Celui qu’on appelait affectueusement Madiba fut le premier président noir à diriger l’Afrique du Sud en menant son parti, l’African National Congress (ANC) et ses deux alliés, le parti communiste sud-africain et le congrès des syndicats sud-africain (COSATU en anglais), à la victoire en 1994.

Se maintenant au pouvoir depuis lors, l’ANC célébrera l’année prochaine ses 20 ans à la tête du pays.

Si l’ANC et ses alliés d’extrême gauche ont su habilement surfer sur la popularité entourant Nelson Mandela, dans sa vie comme dans sa mort, pour s’imposer dans les urnes jusqu’à présent, les huées destinées à l’actuel président Jacob Zuma lors de la cérémonie d’hommages à Mandela sont là pour rappeler à l’ANC que la lune de miel avec le peuple sud-africain touche à sa fin.

L’exaspération grandit au sein de la population sud-africaine, chose qui n’a rien de surprenant quand on s’intéresse un temps soit peu au bilan économique et social de l’ANC.

Une croissance timorée

Avec une croissance de 2,5% en 2012, l’Afrique du Sud affiche une croissance décevante pour un pays du BRICS.
Évidemment, en France, on ne se plaindrait pas d’un tel chiffre, mais c’est sans compter sur le fait que l’Afrique du Sud, malgré son statut de pays le plus riche d’Afrique, demeure encore une économie émergente comme la Chine ou l’Inde, et ne peut pas se contenter d’un maigre 2,5% de croissance.

Ce retard est d’autant plus flagrant, quand on compare l’évolution de la richesse moyenne par habitant dans les pays du BRICS entre l’arrivée au pouvoir de l’ANC et aujourd’hui.

Alors que la richesse moyenne par habitant, mesurée en dollar courant, a été multipliée par 13 en Chine, par 5 en Russie, 4 en Inde et au Brésil ; elle n’a été qu’à peine doublée en Afrique du Sud durant la même période.
Triste performance pour un pays aux richesses minérales inestimables qui se classe bon dernier au sein des pays du BRICS en matière de croissance.

Un chômage de masse

En Afrique du Sud, l’influence historique des syndicats sur le marché du travail est colossale. Cette influence est sortie renforcée de la fin de l’apartheid avec l’alliance politique entre COSATU et l’ANC.

Comme on pouvait s’y attendre le coût du travail en Afrique du Sud a explosé durant cette période, subissant une multiplication par 7 en moins de 20 ans

Augmentation complètement disproportionnée, surtout au regard de la faible croissance économique sud-africaine, qui explique pour beaucoup le chômage de masse qui mine le pays et dont souffre un quart de la population.
En Afrique du Sud, comme en France d’ailleurs, l’économie est enfermée dans un chômage de masse causé par un coût du travail en hausse perpétuelle.

L’Éducation : des progrès trop timides

Comme le rappellent les chiffres du recensement de 2011, le niveau d’Éducation du jeune Sud-Africain moyen reste encore insuffisant et surtout très inégal suivant sa couleur de peau.

Le nombre de personnes n’ayant pas terminé l’école primaire est à la baisse depuis les années 90, parallèlement on observe une hausse des personnes ayant reçu une instruction secondaire et universitaire (higher education en anglais).

Ces deux tendances sont très encourageantes, cependant, elles masquent difficilement le gouffre entre le niveau d’éducation des blancs, des asiatiques et des indiens et celui des autres communautés.

Si toutes les races ont vu leur niveau d’éducation augmenter, les noirs et les métisses restent largement à la traîne avec d’une part un grand nombre de personnes sans ou avec peu d’éducation, mais surtout une très faible proportion d’adultes ayant fait des études supérieures.

Bien évidemment, il est difficile d’amener une population historiquement discriminée au niveau d’éducation de la minorité autrefois privilégiée en l’espace de 15 ans (de 1996 à 2011), néanmoins, il est indéniable que le faible taux d’éducation postsecondaire dans la population noire de 8,3%, est tout bonnement insuffisant pour espérer refermer le gouffre entre les revenus des noirs et des blancs, dont, rappelons le, 36,5% sont allés à l’université.

Plus grave encore, le taux de personnes ayant été à l’université n’a pas augmenté si on compare la génération des 40-44 ans, qui étaient aux études au début des années 90, et les générations venues après (gardons en tête que les jeunes entre 20 et 24 n’ont peut-être pas encore atteint l’université, ce qui explique le taux plus bas pour cette classe d’âge)

Ce résultat est d’autant plus problématique quand on connait les écarts raciaux qu’il camoufle comme on l’a vu plus haut.
À l’heure où la connaissance devient de plus en plus cruciale à la croissance économique, les performances du système éducatif sud-africain sont largement inférieures aux besoins réels de la société civile et perpétuent les différences de revenus entre les races.

Le vivre-ensemble et la violence
Si les tensions raciales n’ont pas mené à une guerre civile ouverte comme on le craignait au début des années 90, la route vers une société « arc-en-ciel » comme la concevait Mandela est encore longue.

Certes, les discriminations raciales ont largement reculé depuis la fin de l’apartheid, mais les différentes communautés ne se mélangent pas tant que ça. Les asiatiques et les indiens restant entre eux, et les blancs vivent retranchés dans leurs quartiers résidentiels sécurisés.

À l’extérieur, nombres d’endroits sont devenus de véritables coupe-gorges. Avec 31,3 meurtres par 100 000 habitants en 2012/2013, soit 45 meurtres par jour en moyenne, l’Afrique du Sud figure parmi la liste peu enviable des pays les plus violents du monde

En matière de viols, vols à main armée, cambriolages, vols de véhicule, la situation est elle aussi alarmante.
Plus grave encore, la tendance est clairement à la hausse pour tous les actes répertoriés, preuve du dérapage totale de la situation.

Cette situation n’est pas étrangère à l’exode massif des blancs depuis les années 90, dont on estime que 20% d’entre eux ont déjà plié bagage.

Cette exode est une tragédie sociale, mais aussi économique, pour un pays qui perd là sa main d’œuvre la plus qualifiée et ses habitants les plus riches.

L’épidémie de SIDA : le summum de l’irresponsabilité gouvernementale
Difficile d’aborder la situation sanitaire en Afrique du Sud sans parler de l’épidémie de VIH qui touche 18,8% de la population soit 5,5 millions de personnes causant plus de 900 morts par jour en 2005 selon les Nations Unies.

Ce désastre aurait pu être atténué sous la présidence de Thabo Mbeki (au pouvoir entre 1999 et 2008) alors que les premiers traitements étaient sur le marché et que l’usage du préservatif avait déjà fait ses preuves mondialement comme méthode d’éradication de la pandémie.

Seulement voilà, Thabo Mbeki et son gouvernement rejetèrent en bloc la thèse selon laquelle l’immunodéficience était causée par le VIH pointant du doigt la malnutrition et la pauvreté, tout en insinuant que l’épidémie était d’une certaine manière une façon pour les groupes pharmaceutiques occidentaux de vendre des traitements dispendieux aux Africains.
Cette posture idéologique mina la diffusion efficace des traitements antiviraux et la mise en place de programme de prévention en Afrique du Sud jusqu’à la fin du mandat de Mbeki.

Alors que la communauté internationale a mis à la disposition du pays d’importants stocks de Nevirapine et des fonds pour lutter contre l’épidémie, on estime à 320 000 le nombre de vies humaines perdues à cause du veto de Mbeki et à 1,6 million le nombre de nourrissons nés avec le VIH suite au refus de mettre en place les programmes de prévention recommandés.
Voilà qui explique pour beaucoup les statistiques tragiques concernant le nombre d’orphelins

En 2011, d’après les chiffres du recensement, 18,8% des enfants de 0 à 17 ans, soit près d’un enfant sur 5, avaient déjà perdu un parent. Plus triste encore, près de 4% des enfants avaient perdu les deux.

Conclusion
Alors que l’actuel président sud-africain, Jacob Zuma est en pleine tourmente suite à une enquête concernant le détournement de 20 millions d’euros d’argent public pour la rénovation de sa résidence secondaire, revenons un instant sur le personnage en lui-même. Zuma, ancien militant communiste, personnage pittoresque au possible, accusé de pas moins de 750 actes de corruption, n’est en aucun cas capable de gérer un pays comme l’Afrique du Sud.

D’ailleurs, une majorité des militants de l’ANC souhaitent désormais ouvertement sa démission.

Le décès de Mandela tombe donc à point nommé pour un parti qui cherche désespérément à se dédouaner d’un bilan peu glorieux et d’une présidence entachée de scandales en instrumentalisant perpétuellement la mémoire d’un homme.

Espérons que les Sud-Africains ne tomberont pas une fois de plus dans le panneau en confiant les rênes du pouvoir à un parti qui s’est raté magistralement sur presque tous les sujets importants en 20 ans.
Oksana
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