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Napoléon III
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Napoléon III
Restituer au Second Empire (1852-1870) sa juste place dans l'Histoire de France paraît une gageure par les temps qui courent.
Napoléon III a été flétri sans nuances excessives par Victor Hugo soi-même puis par les républicains qui ont ramassé le pouvoir à la suite de sa capture à Sedan, le 2 septembre 1870.
Cela lui a valu une réputation détestable d'autocrate entouré d'une cour corrompue aux moeurs déliquescentes.
Il faut dire que le neveu de Napoléon le Grand, fils du falot Louis Bonaparte et de la légère Hortense de Beauharnais, a une jeunesse cahotique : éduqué en Suisse alémanique, engagé dans la Révolution en Italie, exilé en Grande-Bretagne, emprisonné 6 ans au fort de Ham, enfin évadé...
Homme ordinaire et sans génie, d'un physique plutôt ingrat, il cultive le goût du secret, décide en solitaire et souvent dans l'improvisation. Il sait toutefois user de bonnes manières auprès des femmes et multiplie les conquêtes.
L'une d'elles, Miss Howard, jeune et riche courtisane londonienne, met sa fortune à sa disposition pour les élections présidentielles du 10 décembre 1848 et le coup d'État du 2 décembre 1851. Mais au nom de la raison d'État, elle devra ensuite s'effacer et céder la place à la belle comtesse espagnole Eugénie de Montijo, future impératrice.
Une autre femme, la très belle comtesse de Castiglione, se fera plus tard connaître pour sa tentative de rallier par les sentiments Napoléon III à la cause de la libération de l'Italie.
Dans les épreuves de jeunesse et par tempérament, Louis-Napoléon Bonaparte a acquis une grande sensibilité aux souffrances des humbles. Il s'est ainsi fait connaître par une brochure à la tonalité très socialisante sur L'extinction du paupérisme et, à la grande différence de son oncle, n'a jamais supporté sans défaillir la vue du sang sur les champs de bataille.
C'est ainsi qu'à Solférino, après avoir parcouru le champ de bataille, il s'est hâté de conclure un cessez-le-feu avec l'empereur d'Autriche François-Joseph 1er et il a écouté avec bienveillance la suggestion du journaliste suisse Henri Dunant de créer la Croix Rouge pour le secours aux blessés et aux prisonniers.
Vive la réforme
Arrivé à la présidence à 40 ans par un concours de circonstances incroyable, Louis-Napoléon laisse les députés de la IIe République se disqualifier eux-mêmes et c'est presque avec soulagement que paysans et ouvriers accueillent le coup d'Etat qui instaure l'empire et la dictature.
On arrive dans la période la plus passionnante de la biographie de l'empereur.
Pierre Milza montre comment cet homme sans prétentions ni arrogance organise son pouvoir, en s'entourant de ses compagnons d'infortune et en ralliant à lui beaucoup de fortes personnalités du temps de Louis-Philippe 1er.
Ses plus proches collaborateurs sont les artisans du coup d'État, tels le dévoué mais brutal Persigny et le séduisant duc de Morny (qui n'est autre que le demi-frère de l'empereur car il a été mis au monde par Hortense de Beauharnais avec le concours d'un rejeton de Talleyrand).
Les orléanistes, partisans de la monarchie, se rallient à Napoléon III de bonne grâce, de même que certains leaders républicains sincères, tels Émile Ollivier ou l'historien et ministre Victor Duruy.
Napoléon III, qui n'oublie pas sa jeunesse socialiste et révolutionnaire, impose à son gouvernement la mise en oeuvre en 1864 d'une loi accordant le droit de grève aux ouvriers. Les résultats ne se font pas attendre. Les arrêts de travail revendicatifs se multiplient. Mais qu'importe, c'est le prix à payer pour une société ouverte et l'empereur l'accepte de bon gré.
Napoléon III engage aussi à marches forcées la rénovation de Paris. Le baron Haussmann, préfet de la Seine, coordonne la modernisation de la capitale mais, ainsi que le rappelle Pierre Milza, c'est à l'empereur lui-même que revient le mérite d'avoir imposé les grandes lignes de la rénovation. Haussmann transcrit ses idées sur le terrain.
Chose nouvelle de la part d'un souverain, l'empereur se montre attentif à la politique économique. Convaincu des bienfaits du libre-échange, il conclut un traité avec ses amis du gouvernement britannique, à la grande fureur de certains industriels français. Il instaure aussi une zone monétaire élargie, l' Union latine.
La cour, aux Tuileries, à Compiègne et à Fontainebleau, se signale par une activité bourdonnante, au moins pendant les belles années du régime. Elle est ouverte à toute la bourgeoisie sans esprit de classe et se montre accueillante pour les gens de lettres.
À côté de cela, bien sûr, il faut évoquer les échecs du règne, essentiellement en politique étrangère, de l'unification d'Italie, qui a valu à la France de gagner Nice et la Savoie, à la guerre franco-prussienne qui lui a valu de perdre l'Alsace et la Lorraine du nord, en passant par la coûteuse guerre du Mexique et l'inutile guerre de Crimée.
Restent à l'actif du régime quelques implantations prometteuses au Sénégal, à Saigon, en Nouvelle-Calédonie... En Algérie, c'est en vain que l'empereur a tenté d'instaurer un «royaume arabe» associé à la France, l'opposition des colons ayant entravé son projet.
L'épais volume de Pierre Milza donne à lire beaucoup d'autres apports du Second Empire à notre société. Mais on sait combien tout cela a été terni par le désastre final. Un piège fomenté par Bismarck en vue de provoquer la guerre entre les États allemands et la France, une opinion publique chauffée à blanc qui oblige le gouvernement à s'engager dans la guerre malgré l'impréparation et la faiblesse numérique des armées, enfin la reddition de Sedan après six semaines de combats.
De cette reddition qui rompait l'équilibre européen au profit de la nouvelle Allemagne allaient naître les deux conflits mondiaux.
André Larané
Publié ou mis à jour le : 2014-04-01 16:04:26
Napoléon III a été flétri sans nuances excessives par Victor Hugo soi-même puis par les républicains qui ont ramassé le pouvoir à la suite de sa capture à Sedan, le 2 septembre 1870.
Cela lui a valu une réputation détestable d'autocrate entouré d'une cour corrompue aux moeurs déliquescentes.
Il faut dire que le neveu de Napoléon le Grand, fils du falot Louis Bonaparte et de la légère Hortense de Beauharnais, a une jeunesse cahotique : éduqué en Suisse alémanique, engagé dans la Révolution en Italie, exilé en Grande-Bretagne, emprisonné 6 ans au fort de Ham, enfin évadé...
Homme ordinaire et sans génie, d'un physique plutôt ingrat, il cultive le goût du secret, décide en solitaire et souvent dans l'improvisation. Il sait toutefois user de bonnes manières auprès des femmes et multiplie les conquêtes.
L'une d'elles, Miss Howard, jeune et riche courtisane londonienne, met sa fortune à sa disposition pour les élections présidentielles du 10 décembre 1848 et le coup d'État du 2 décembre 1851. Mais au nom de la raison d'État, elle devra ensuite s'effacer et céder la place à la belle comtesse espagnole Eugénie de Montijo, future impératrice.
Une autre femme, la très belle comtesse de Castiglione, se fera plus tard connaître pour sa tentative de rallier par les sentiments Napoléon III à la cause de la libération de l'Italie.
Dans les épreuves de jeunesse et par tempérament, Louis-Napoléon Bonaparte a acquis une grande sensibilité aux souffrances des humbles. Il s'est ainsi fait connaître par une brochure à la tonalité très socialisante sur L'extinction du paupérisme et, à la grande différence de son oncle, n'a jamais supporté sans défaillir la vue du sang sur les champs de bataille.
C'est ainsi qu'à Solférino, après avoir parcouru le champ de bataille, il s'est hâté de conclure un cessez-le-feu avec l'empereur d'Autriche François-Joseph 1er et il a écouté avec bienveillance la suggestion du journaliste suisse Henri Dunant de créer la Croix Rouge pour le secours aux blessés et aux prisonniers.
Vive la réforme
Arrivé à la présidence à 40 ans par un concours de circonstances incroyable, Louis-Napoléon laisse les députés de la IIe République se disqualifier eux-mêmes et c'est presque avec soulagement que paysans et ouvriers accueillent le coup d'Etat qui instaure l'empire et la dictature.
On arrive dans la période la plus passionnante de la biographie de l'empereur.
Pierre Milza montre comment cet homme sans prétentions ni arrogance organise son pouvoir, en s'entourant de ses compagnons d'infortune et en ralliant à lui beaucoup de fortes personnalités du temps de Louis-Philippe 1er.
Ses plus proches collaborateurs sont les artisans du coup d'État, tels le dévoué mais brutal Persigny et le séduisant duc de Morny (qui n'est autre que le demi-frère de l'empereur car il a été mis au monde par Hortense de Beauharnais avec le concours d'un rejeton de Talleyrand).
Les orléanistes, partisans de la monarchie, se rallient à Napoléon III de bonne grâce, de même que certains leaders républicains sincères, tels Émile Ollivier ou l'historien et ministre Victor Duruy.
Napoléon III, qui n'oublie pas sa jeunesse socialiste et révolutionnaire, impose à son gouvernement la mise en oeuvre en 1864 d'une loi accordant le droit de grève aux ouvriers. Les résultats ne se font pas attendre. Les arrêts de travail revendicatifs se multiplient. Mais qu'importe, c'est le prix à payer pour une société ouverte et l'empereur l'accepte de bon gré.
Napoléon III engage aussi à marches forcées la rénovation de Paris. Le baron Haussmann, préfet de la Seine, coordonne la modernisation de la capitale mais, ainsi que le rappelle Pierre Milza, c'est à l'empereur lui-même que revient le mérite d'avoir imposé les grandes lignes de la rénovation. Haussmann transcrit ses idées sur le terrain.
Chose nouvelle de la part d'un souverain, l'empereur se montre attentif à la politique économique. Convaincu des bienfaits du libre-échange, il conclut un traité avec ses amis du gouvernement britannique, à la grande fureur de certains industriels français. Il instaure aussi une zone monétaire élargie, l' Union latine.
La cour, aux Tuileries, à Compiègne et à Fontainebleau, se signale par une activité bourdonnante, au moins pendant les belles années du régime. Elle est ouverte à toute la bourgeoisie sans esprit de classe et se montre accueillante pour les gens de lettres.
À côté de cela, bien sûr, il faut évoquer les échecs du règne, essentiellement en politique étrangère, de l'unification d'Italie, qui a valu à la France de gagner Nice et la Savoie, à la guerre franco-prussienne qui lui a valu de perdre l'Alsace et la Lorraine du nord, en passant par la coûteuse guerre du Mexique et l'inutile guerre de Crimée.
Restent à l'actif du régime quelques implantations prometteuses au Sénégal, à Saigon, en Nouvelle-Calédonie... En Algérie, c'est en vain que l'empereur a tenté d'instaurer un «royaume arabe» associé à la France, l'opposition des colons ayant entravé son projet.
L'épais volume de Pierre Milza donne à lire beaucoup d'autres apports du Second Empire à notre société. Mais on sait combien tout cela a été terni par le désastre final. Un piège fomenté par Bismarck en vue de provoquer la guerre entre les États allemands et la France, une opinion publique chauffée à blanc qui oblige le gouvernement à s'engager dans la guerre malgré l'impréparation et la faiblesse numérique des armées, enfin la reddition de Sedan après six semaines de combats.
De cette reddition qui rompait l'équilibre européen au profit de la nouvelle Allemagne allaient naître les deux conflits mondiaux.
André Larané
Publié ou mis à jour le : 2014-04-01 16:04:26
Oksana- Messages : 2667
Date d'inscription : 13/06/2014
Age : 609
Localisation : Marc Dorcel
Re: Napoléon III
Merci Monsieur le Président ! Ce n'est qu'un début ..
Oksana- Messages : 2667
Date d'inscription : 13/06/2014
Age : 609
Localisation : Marc Dorcel
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