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Trafic de drogue : des «nourrices» bien discrètes
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Trafic de drogue : des «nourrices» bien discrètes
Trafic de drogue : des «nourrices» bien discrètes
Par Stéphanie Harounyan, à Marseille — 18 septembre 2015 à 07:30 (mis à jour à 11:16)
Les trafiquants de drogue de la Tour K de la cité Castellane, avaient «embauché» des mères et pères de famille désargentés mais au casier judiciaire quasi-vierge chez lesquels ils planquaient en toute discrétion cannabis, argent et armes à feu.
Mercredi s’est ouvert à Marseille un vaste procès réunissant des membres d’un des plus gros «plan stup'» de la cité de la Castellane, à Marseille.
Le réseau de trafiquants avait été démantelé lors d’une vaste opération de police lancée en 2012 et poursuivie en 2013. Vingt-huit personnes, toutes issues du réseau dit de la «tour K», du nom de la plus haute tour de la cité, sont renvoyées en correctionnelle.
Tous les «métiers» du trafic sont représentés à la barre, depuis la nourrice, simple gardienne de la drogue ou des fonds, jusqu’à la tête présumé du réseau. Pendant la durée du procès, Libération raconte cette organisation. Aujourd'hui, les «nourrices».
Dans le monde ordinaire, la nourrice est la personne qui veille sur votre bien le plus précieux.
C’est également le cas dans le milieu de la drogue : pour garder leurs marchandises, leur argent et les documents liés au trafic, les réseaux disposent de plusieurs caches, des appartements ou des villas dont les propriétaires sont castés en fonction de critères particuliers.
Parmi les six nourrices appelées à la barre dans le cas du réseau de la Castellane, la grande majorité n’a pas l’âge des trafiquants, presque tous vingtenaires. Djamila a 55 ans, Jean-François 43, Bernard 52… Des parents pour la plupart, au casier quasi-vierge. Ils résident dans la cité depuis de nombreuses années sans faire d’histoire.
Des gens mal en point
Mais si leur discrétion est une qualité indispensable, c’est surtout leurs faiblesses financières qui attirent les trafiquants.
Samantha est mère au foyer avec six enfants à charge. Lorsqu’un duo de dealers vient lui proposer de garder des sacs, elle a près de 7 000 euros de dette locative et aucun revenu pour y faire face.
Jean-François, lui, multipliait les crédits et avait dû lâcher son boulot de maçon pour des problèmes de dos.
Bernard, lui, cumulait chômage et problèmes d’alcool depuis le départ de sa femme. «Les gens, quand ils sont mal en point, on vient vite les voir…», confie-t-il à la barre.
Une fois le candidat repéré, le réseau envoie ses hommes. Ils vont directement sonner chez les cibles, cagoulés ou à visage découvert.
Leur force, une proposition commerciale imbattable : les occupants de l’appartement n’ont qu’à leur mettre un placard à disposition, dans lequel ils rangent sacs ou cantines.
Pas besoin de savoir ce que les sacs contiennent, de toute façon ils sont cadenassés.
Les nourrices n’ont rien à faire, sinon permettre aux trafiquants d’accéder librement à leurs marchandises selon des horaires définis à l’avance. Amir, lui, laissait ses clés dans sa boîte aux lettres (dont les dealers avaient la clé) en partant au travail, il n’a donc jamais croisé personne. Samantha devait laisser sa porte ouverte en journée.
Jusqu'à dix ans de prison
Chez Jean-François, qui ne veut pas laisser ses clés, les trafiquants passaient à 18 heures pile environ trois fois par semaine, avant que sa famille ne soit de retour à la maison.
Les visites ne durent que quelques secondes : le dealer s’enferme dans le cagibi et en ressort presque aussitôt, sans un mot. Du quasi-invisible, moyennant un salaire de 400 à 500 euros la semaine.
L’argent était en général déposé sur la table – le 28 du mois précisément chez Jean-François.
Bernard, lui, ne touchait que 30 euros par nuit : son rôle se bornait à jouer les gardiens nocturnes de la marchandise, qu’on lui apportait à minuit et qu’on revenait chercher à 10 heures pour l’ouverture des ventes.
Si le caractère illégal des objets détenus ne fait aucun doute pour elles, les nourrices n’ont découvert que lors des perquisitions de la police le contenu des fameuses malles ou sacs : cannabis et herbe, bien sûr, mais aussi compteuse à billets, armes à feu et munitions, livres de comptes et surtout d’importantes sommes d’argent en liquide, allant jusqu’à 850 000 euros pour le seul domicile de Jean-François.
Pour leurs actes, les nourrices encourent jusqu’à dix ans de prison.
http://www.liberation.fr/politiques/2015/09/18/trafic-de-drogue-des-nourrices-bien-discretes_1384842?xtor=EPR-450206&utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=quot
Conclusion …..ne jamais se fier aux apparences
Par Stéphanie Harounyan, à Marseille — 18 septembre 2015 à 07:30 (mis à jour à 11:16)
Les trafiquants de drogue de la Tour K de la cité Castellane, avaient «embauché» des mères et pères de famille désargentés mais au casier judiciaire quasi-vierge chez lesquels ils planquaient en toute discrétion cannabis, argent et armes à feu.
Mercredi s’est ouvert à Marseille un vaste procès réunissant des membres d’un des plus gros «plan stup'» de la cité de la Castellane, à Marseille.
Le réseau de trafiquants avait été démantelé lors d’une vaste opération de police lancée en 2012 et poursuivie en 2013. Vingt-huit personnes, toutes issues du réseau dit de la «tour K», du nom de la plus haute tour de la cité, sont renvoyées en correctionnelle.
Tous les «métiers» du trafic sont représentés à la barre, depuis la nourrice, simple gardienne de la drogue ou des fonds, jusqu’à la tête présumé du réseau. Pendant la durée du procès, Libération raconte cette organisation. Aujourd'hui, les «nourrices».
Dans le monde ordinaire, la nourrice est la personne qui veille sur votre bien le plus précieux.
C’est également le cas dans le milieu de la drogue : pour garder leurs marchandises, leur argent et les documents liés au trafic, les réseaux disposent de plusieurs caches, des appartements ou des villas dont les propriétaires sont castés en fonction de critères particuliers.
Parmi les six nourrices appelées à la barre dans le cas du réseau de la Castellane, la grande majorité n’a pas l’âge des trafiquants, presque tous vingtenaires. Djamila a 55 ans, Jean-François 43, Bernard 52… Des parents pour la plupart, au casier quasi-vierge. Ils résident dans la cité depuis de nombreuses années sans faire d’histoire.
Des gens mal en point
Mais si leur discrétion est une qualité indispensable, c’est surtout leurs faiblesses financières qui attirent les trafiquants.
Samantha est mère au foyer avec six enfants à charge. Lorsqu’un duo de dealers vient lui proposer de garder des sacs, elle a près de 7 000 euros de dette locative et aucun revenu pour y faire face.
Jean-François, lui, multipliait les crédits et avait dû lâcher son boulot de maçon pour des problèmes de dos.
Bernard, lui, cumulait chômage et problèmes d’alcool depuis le départ de sa femme. «Les gens, quand ils sont mal en point, on vient vite les voir…», confie-t-il à la barre.
Une fois le candidat repéré, le réseau envoie ses hommes. Ils vont directement sonner chez les cibles, cagoulés ou à visage découvert.
Leur force, une proposition commerciale imbattable : les occupants de l’appartement n’ont qu’à leur mettre un placard à disposition, dans lequel ils rangent sacs ou cantines.
Pas besoin de savoir ce que les sacs contiennent, de toute façon ils sont cadenassés.
Les nourrices n’ont rien à faire, sinon permettre aux trafiquants d’accéder librement à leurs marchandises selon des horaires définis à l’avance. Amir, lui, laissait ses clés dans sa boîte aux lettres (dont les dealers avaient la clé) en partant au travail, il n’a donc jamais croisé personne. Samantha devait laisser sa porte ouverte en journée.
Jusqu'à dix ans de prison
Chez Jean-François, qui ne veut pas laisser ses clés, les trafiquants passaient à 18 heures pile environ trois fois par semaine, avant que sa famille ne soit de retour à la maison.
Les visites ne durent que quelques secondes : le dealer s’enferme dans le cagibi et en ressort presque aussitôt, sans un mot. Du quasi-invisible, moyennant un salaire de 400 à 500 euros la semaine.
L’argent était en général déposé sur la table – le 28 du mois précisément chez Jean-François.
Bernard, lui, ne touchait que 30 euros par nuit : son rôle se bornait à jouer les gardiens nocturnes de la marchandise, qu’on lui apportait à minuit et qu’on revenait chercher à 10 heures pour l’ouverture des ventes.
Si le caractère illégal des objets détenus ne fait aucun doute pour elles, les nourrices n’ont découvert que lors des perquisitions de la police le contenu des fameuses malles ou sacs : cannabis et herbe, bien sûr, mais aussi compteuse à billets, armes à feu et munitions, livres de comptes et surtout d’importantes sommes d’argent en liquide, allant jusqu’à 850 000 euros pour le seul domicile de Jean-François.
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