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Un ancien RG de la section presse: «Nous récupérions les articles en échange de PV à faire sauter»
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Un ancien RG de la section presse: «Nous récupérions les articles en échange de PV à faire sauter»
Flic et journaleux : Je t’aime, moi non plus… Les premiers regardent les médias en chiens de faïence, les soupçonnant d’être sur le point de révéler des affaires gênantes pour le pouvoir. Les seconds se méfient des garants de l’ordre, qu’ils considèrent, à tort ou à raison, comme une entrave à leurs libertés. Mais parfois journalistes et policiers, chacun à la recherche d’informations, se réconcilient pour servir leurs intérêts.
Dans Connivences au service de l’Etat, à paraître vendredi*, Alain Prissette, ancien commandant à la section presse des RG, dévoile comment ses services ont infiltré les rédactions et les maisons d’édition pour se procurer un exemplaire avant qu’il ne soit distribué en kiosque. Et alerter le politique avant la diffusion de l’information. La section presse a disparu en 2008 lors de création de la DCRI (aujourd’hui DGSI), née de la fusion entre la DST et les RG. Il revient sur 30 ans de renseignement au service de l’Etat…
Pourquoi le politique avait un intérêt à avoir des oreilles à l’intérieur des rédactions ?
Un service comme le nôtre avait pour mission d’anticiper les événements médiatiques. L’objectif n’était pas de censurer la presse ni de la manipuler mais de savoir ce qu’elle allait raconter. Afin que le politique puisse anticiper les polémiques et amortir la confrontation avec le quatrième pouvoir. Sur la vingtaine d’agents de la section presse, une demi-douzaine faisait du terrain et avait des contacts dans les imprimeries de la banlieue parisienne et dans les rédactions.
Comment faisiez-vous pour récupérer les exemplaires ?
Il y avait des prises de contact dans les imprimeries. Nous récupérions le mercredi des exemplaires à la sortie des rotatives, le papier encore chaud. Grâce à un employé, par exemple, que nous rémunérions. Comme le livreur du Canard Enchaîné. Parfois, on les récupérait directement au cœur des rédactions en échange de liasses de PV que nous nous chargions de faire sauter. On abreuvait les rédactions des quotidiens et des hebdomadaires de faits divers puisque nous avions accès aux synthèses des faits marquants de la veille. C’était un échange tacite de bons procédés avec un journaliste, un rédacteur en chef technique. Les articles avant parution contre la fourniture d’un passeport en urgence, une carte de séjour pour la femme de ménage… Ce n’était pas de l’espionnage.
Les journalistes sur écoute, c’était un mythe, vraiment ?
Il n’y en a jamais eu au sein de la section presse. Nous étions en charge aussi de suivre pour le ministère de la communication et de la culture les conflits sociaux. Alors parfois, je me faisais passer pour un journaliste auprès d’un syndicat de presse ou un attaché de presse pour connaître les derniers rapports de force et l’évolution du conflit. C’était un peu borderline, c’est vrai. Mais nous n’avancions pas masqué. Les journalistes et les rédactions savaient qui nous étions.
Aujourd’hui, la section presse des RG n’existe plus. Mais le politique a décidé de renforcer les moyens du renseignement territorial. Ces pratiques existent-elles toujours ?
Quand Closer a publié les photos de Julie Gayet et sa relation avec le président, l’Elysée a eu un mal de chien à récupérer un exemplaire avant sa parution. Nous l’aurions sans doute eu et fourni à François Hollande quelques heures après son impression. Aujourd’hui, seul un service au sein de la DGSI travaille sur la presse. Mais il ne fait que des revues de presse. Ils n’ont plus de contact au cœur des rédactions.
http://www.20minutes.fr/societe/1607607-20150513-ancien-rg-section-presse-recuperions-articles-echange-pv-faire-sauter
Dans Connivences au service de l’Etat, à paraître vendredi*, Alain Prissette, ancien commandant à la section presse des RG, dévoile comment ses services ont infiltré les rédactions et les maisons d’édition pour se procurer un exemplaire avant qu’il ne soit distribué en kiosque. Et alerter le politique avant la diffusion de l’information. La section presse a disparu en 2008 lors de création de la DCRI (aujourd’hui DGSI), née de la fusion entre la DST et les RG. Il revient sur 30 ans de renseignement au service de l’Etat…
Pourquoi le politique avait un intérêt à avoir des oreilles à l’intérieur des rédactions ?
Un service comme le nôtre avait pour mission d’anticiper les événements médiatiques. L’objectif n’était pas de censurer la presse ni de la manipuler mais de savoir ce qu’elle allait raconter. Afin que le politique puisse anticiper les polémiques et amortir la confrontation avec le quatrième pouvoir. Sur la vingtaine d’agents de la section presse, une demi-douzaine faisait du terrain et avait des contacts dans les imprimeries de la banlieue parisienne et dans les rédactions.
Comment faisiez-vous pour récupérer les exemplaires ?
Il y avait des prises de contact dans les imprimeries. Nous récupérions le mercredi des exemplaires à la sortie des rotatives, le papier encore chaud. Grâce à un employé, par exemple, que nous rémunérions. Comme le livreur du Canard Enchaîné. Parfois, on les récupérait directement au cœur des rédactions en échange de liasses de PV que nous nous chargions de faire sauter. On abreuvait les rédactions des quotidiens et des hebdomadaires de faits divers puisque nous avions accès aux synthèses des faits marquants de la veille. C’était un échange tacite de bons procédés avec un journaliste, un rédacteur en chef technique. Les articles avant parution contre la fourniture d’un passeport en urgence, une carte de séjour pour la femme de ménage… Ce n’était pas de l’espionnage.
Les journalistes sur écoute, c’était un mythe, vraiment ?
Il n’y en a jamais eu au sein de la section presse. Nous étions en charge aussi de suivre pour le ministère de la communication et de la culture les conflits sociaux. Alors parfois, je me faisais passer pour un journaliste auprès d’un syndicat de presse ou un attaché de presse pour connaître les derniers rapports de force et l’évolution du conflit. C’était un peu borderline, c’est vrai. Mais nous n’avancions pas masqué. Les journalistes et les rédactions savaient qui nous étions.
Aujourd’hui, la section presse des RG n’existe plus. Mais le politique a décidé de renforcer les moyens du renseignement territorial. Ces pratiques existent-elles toujours ?
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