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Areva / EDF : pourquoi les coûts du nucléaire français vont exploser

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Areva / EDF : pourquoi les coûts du nucléaire français vont exploser Empty Areva / EDF : pourquoi les coûts du nucléaire français vont exploser

Message par Briard Sam 4 Avr - 22:45



Le gouvernement pousse EDF et Areva à resserrer leurs liens et à faire converger leurs activités dans le nucléaire. L'enjeu est double pour la France : maintenir le leadership français à l'export et assurer la sauvegarde du parc national de réacteurs alors que les coûts de cette énergie sont amenés à exploser.

Le pragmatisme a vite repris ses droits. Deux semaines après la marche historique du 11 janvier, le président hollande accourt à Riyad pour «présenter ses condoléances» au roi Salmane, quelques heures à peine après que celui-ci a accédé au trône d'Arabie saoudite. Un réalisme géopolitique aux amers relents de pétrole, bien sûr, au moment où l'effondrement des cours rebat les cartes des échanges économiques mondiaux. Mais la France a un autre motif de ravaler ses prétentions idéologiques pour rester dans les petits papiers du royaume saoudien : le premier exportateur de pétrole mondial affiche son intention de s'équiper, d'ici à 2030, de 16 réacteurs nucléaires, qui devraient assurer 20% de ses besoins en électricité. Budget envisagé : 100 milliards de dollars. Inimaginable pour la France, la championne du nucléaire, de ne pas croquer une part de ce gigantesque gâteau. Et ce n'est pas par hasard que la ministre de l'Energie, Ségolène royal, s'est prononcée, en janvier, pour le maintien durable de cette industrie.

La Chine, les pays du Golfe et l’Inde portent le marché

Adieu donc au projet d'une France débarrassée, dans trente ou quarante ans, de son parc de centrales. Malgré Fukushima, malgré la décision de l'Allemagne de sortir du nucléaire et malgré les déboires des réacteurs de troisième génération. En fait, la clé de l'avenir de cette industrie en France se trouve en grande partie à l'étranger. «Cela n'aurait pas de sens d'arrêter nos centrales et d'interrompre notre programme nucléaire, alors que nous sommes très bien placés à l'export», analyse Colette Lewiner, conseillère énergie du président de Capgemini. Si le marché n'est plus très porteur dans les pays occidentaux, les projets de la chine, de l'inde, de la Corée ou des pays du golfe sont suffisamment ambitieux pour justifier, aux yeux des industriels et des politiques, que la France reste dans la course. Une vision que contestent les antinucléaires, qui soulignent que la part de cette énergie décline dans le monde et qu'elle est condamnée à terme. «Certes, la chine envisage de construire quelques nouvelles centrales, concède Stéphane Lhomme, le directeur de l'observatoire du nucléaire, mais celles-ci ne pèseront pas plus de 10% de ses besoins énergétiques.» au-delà de la question de la sécurité, c'est à une guerre des chiffres que tourne le débat entre pro et anti, que l'on pourrait résumer à une question : dans les différents scénarios de maintien ou de sortie partielle du nucléaire, quel sera le prix de revient de l'électricité ? En filigrane : le nucléaire pourra-t-il encore prétendre longtemps, comme aujourd'hui, qu'il est la source énergétique la plus compétitive ?

Au Japon, les centrales vont redémarrer

Deux grands pays industriels, observés aujourd'hui à la loupe, font figure de laboratoires grandeur nature de cette évolution. Le japon, qui a arrêté ses 54 réacteurs du jour au lendemain, il y a quatre ans, après le dramatique accident de Fukushima, et l'Allemagne, qui, dans la foulée, a décidé d'accélérer l'arrêt de ses 17 réacteurs envisagé depuis l'an 2000. Dans le cas du japon, il a fallu dans l'urgence remplacer une source d'énergie qui assurait près de 30% des besoins du pays. «Il n'y avait pas d'autre choix que de s'approvisionner à l'extérieur en énergie fossile et de faire redémarrer les vieilles centrales thermiques», résume un conseiller économique à Tokyo.

Pétrole, charbon, gaz naturel : le ministère du Commerce et de l'industrie nippon a confirmé que le pays dépendait désormais à 92% de ces ressources, ce qui le ramène aux années 1970. Indépendamment des conséquences pour l'environnement, ce revirement de la politique énergétique japonaise a fait plonger la balance commerciale et provoqué une hausse moyenne de 20% de la facture d'électricité des particuliers et de 30% de celle des entreprises, selon les sources gouvernementales. Difficile de maintenir l'économie à flot dans une telle situation de dépendance énergétique ! Un timide programme de soutien aux énergies renouvelables a été lancé, et le premier ministre, Shinzo Abe, a évoqué de possibles ai des publiques pour démanteler les centrales à eau bouillante (du type Fukushima)... Tout en donnant son feu vert à une reprise progressive du programme nucléaire. En effet, malgré les protestations des habitants, deux réacteurs doivent reprendre du service dans le sud-ouest du pays, à Satsumasendai, tandis que les experts se chamaillent pour déterminer combien des 20 réacteurs à eau pressurisée pourraient redémarrer sans (trop de) risques. Une mauvaise nouvelle pour ceux qui espéraient que la catastrophe de mars 2011 aurait au moins servi à provoquer une révolution énergétique. Et un argument de poids pour ceux qui défendent la pertinence économique de la production nucléaire.

L’Allemagne paie au prix fort la sortie du nucléaire

E transition énergétique, a été voté en 2000 pour s'étaler jusqu'en 2021. Un changement en douceur, en rien comparable à l'urgence japonaise. Objectif : 80% d'électricité issue de sources renouvelables. En 2006, la chancelière Angela Merkel avait, en arrivant aux affaires, repoussé l'échéance à 2036, mais, après Fukushima, était revenue à 2022. La moitié des 17 réacteurs du pays ont alors été fermés pratiquement du jour au lendemain, faisant baisser la part du nucléaire de 22 à 16%. Les solutions de remplacement ont réservé quelques (mauvaises) surprises. L'Allemagne s'est tournée vers le charbon et le lignite, deux énergies fossiles bon marché, pour faire tourner à plein régime ses 130 centrales thermiques, sans parler de la vingtaine d'unités supplémentaires en construction ! Résultat : des émissions de CO2 en hausse de 3%. Côté énergies renouvelables, le programme est officiellement «en ligne avec les objectifs», affichant une part estimée aujourd'hui à 23% des ressources, mais les finances des consommateurs en pâtissent. Car l'Allemagne soutient le développement de ces filières en rachetant l'électricité de tous les producteurs d'éolien ou de solaire à un prix garanti supérieur à celui du marché. Le surcoût est supporté par les particuliers et, avec le succès grandissant des énergies renouvelables, leurs factures augmentent à vue d'œil. «L'année dernière, cela a représenté près de 200 euros, calcule un père de famille français installé à Hambourg, soit un bon cinquième de notre budget électricité.»

En France, la limite d’âge menace les 58 réacteurs

L'expérience allemande donne-t-elle définitivement l'avantage aux défenseurs du nucléaire ? Pas si simple. D'abord, parce que «ce n'est précisément qu'une phase transitoire», comme le souligne un défenseur des énergies renouvelables et, surtout, parce que d'énormes contraintes économiques pèsent sur la filière nucléaire. En France, où cette ressource énergétique assure 80% des besoins en électricité, on exploite 58 réacteurs, dont la moyenne d'âge est de trente ans. Conçus pour fonctionner quarante ans, ils sont pour la plupart proches de leur arrêt. C'est le premier gros point noir. Les deux acteurs principaux, EDf et Areva, font le forcing pour obtenir l'autorisation de prolonger de dix, voire vingt ans, l'exploitation de ces sites. Ce qui alarme les défenseurs de l'environnement - car personne n'a pu vérifier la fiabilité des équipements après une telle durée de vie - et implique des investissements de maintenance pharaoniques. EDF, qui n'a pas souhaité répondre à nos questions, a baptisé ce chantier le «grand carénage» et l'a chiffré à 55 milliards d'euros. Une estimation qui fait sourire l'observatoire du nucléaire, qui accuse l'opérateur public d'approximations.

La cour des comptes, elle, s'est penchée de très près sur les coûts de la filière électronucléaire. Dans son rapport de janvier 2012, actualisé en mai 2014, elle souligne que ce chiffre de 55 milliards d'euros ne peut être envisagé que comme une base de calcul, susceptible d'être révisée. Surtout, elle note que si EDF devait fermer les 22 réacteurs qui atteindront la limite des quarante ans à la fin 2020, elle devrait «construire 11 EPR, ce qui paraît très peu probable, voire impossible, y compris pour des considérations industrielles». Formulation très administrative pour souligner les dérives du fameux EPR de Flamanville, ce réacteur de troisième génération dont le coût de construction a été multiplié par trois depuis le lancement du chantier et dont le démarrage est sans cesse repoussé. De quoi remettre sérieusement en question la capacité du couple Areva-EDF à financer le renouvellement du parc sans faire flamber le prix de l'électricité.

Démantèlement et déchets : deux gouffres sans fond

Après Fukushima, d'autres charges assombrissent le tableau. Les contraintes renforcées de sécurité font s'envoler, entre autres, les coûts de personnel, et la cour des comptes confirme le caractère inexorable de cette évolution. De son côté, l'autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui contrôle les centrales et délivre l'autorisation de les exploiter, a fait savoir qu'aucun impératif économique ne la conduirait à être moins regardante sur la fiabilité des réacteurs.

Restent les questions, et ce ne sont pas les moindres, du démantèlement des centrales en fin de vie et du stockage des déchets. Selon EDF, il en coûterait autour de 18 milliards d'euros pour disloquer le parc existant. Ce chiffre, là encore, ne peut reposer que sur des approximations, tout simplement parce qu'aucun précédent, en France ou à l'étranger, ne permet de le vérifier. Une centrale nucléaire met des années à se refroidir et aucune des centrales Arrêtées dans le monde n'a encore été entièrement démontée. Dans son rapport, la cour indique sobrement que «l'expérience en la matière, tant d'EDF que du CEA [Commissariat à l'énergie atomique, NDLR] ou d'Areva, a montré que les devis ont généralement tendance à augmenter quand les opérations se précisent». En privé, un expert proche de la cour pointe sans détour les gabegies liées à Brennilis, ce site nucléaire de première génération inauguré dans le Finistère en 1962 et en cours de démantèlement depuis... 1985. Quant au stockage des déchets, on nage encore davantage dans l'incertitude. Les estimations de 2005 ont été plus que doublées en 2009 et sont revues invariablement à la hausse. Sachant qu'on parle actuellement de 40 milliards d'euros, la ligne de dépense est loin d'être anecdotique.

En conclusion, le rapport actualisé de la cour des comptes constate une augmentation sensible des coûts d'exploitation : +21% entre 2010 et 2013 ! Une hausse qui devrait nécessairement se répercuter sur les prix de l'électricité. Dans l'hypothèse d'un prolongement de dix années de la vie des centrales, le mégawatheure reviendrait ainsi à 61,60 euros d'ici à 2025, au lieu des 49,50 euros estimés en 2012. A ce prix, l'argument de la compétitivité du nucléaire devient caduc et la crédibilité des énergies renouvelables est renforcée. Il manque à celles-ci l'appui de technologies de stockage viables, afin d'assurer des approvisionnements continus et programmables. Des tests de «piles» à échelle industrielle sont en cours, mais les investissements pour passer à une phase opérationnelle font défaut. Les milliards injectés dans l'industrie nucléaire ne peuvent pas l'être ailleurs.

Francis Leconte
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Message par Briard Sam 4 Avr - 22:46

Pour ou contre le nucléaire ?
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Message par Mckay Sam 4 Avr - 23:06

Pour. et je suis écolo pourtant !
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Message par Merl1 Dim 5 Avr - 0:00

Briard a écrit:Pour ou contre le nucléaire ?

Pour
De toute façon le mal est fait, il n'y a pas de solutions de démantèlement crédibles.
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Message par Briard Dim 5 Avr - 8:52

Allons tous joyeusement vers l'irradiation totale de la surface de la Terre.
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