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Tariq Ramadan veut la nationalité française : sa stratégie politique vise le pouvoir
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Tariq Ramadan veut la nationalité française : sa stratégie politique vise le pouvoir
Tariq Ramadan va demander la nationalité française. C'est en tout cas ce qu'il a déclaré dans une interview accordée à Libération. Une déclaration à laquelle a réagi Manuel Valls, affirmant qu'il n'y avait "aucune raison" de la lui donner. Mezri Haddad, philosophe et président du Centre International de géopolitique et de Prospective Analytique (CIGPA), décrypte la stratégie de Tariq Ramadan.
Interrogé par Libération sur les raisons de sa demande de la nationalité française, celui que certains continuent d’appeler "professeur à l’université d’Oxford" a rétorqué :
"C'est ma réponse à toute la classe politique qui est sourde à des propos qui sont tenus depuis 25 ans sur le terrain. Le débat sur la déchéance de la nationalité a, de fait, accéléré ma réflexion".
La réponse du berger à la bergère est venue de Manuel Valls : "Il n’y a aucune raison pour que M. Tariq Ramadan obtienne la nationalité française. Quand on aspire à être Français, c’est qu’on aspire à partager des valeurs".
Son discours n’a pas évolué d’un iota
Pour les vingt ans sur le terrain, elles ont été en effet laborieuses et bien fructueuses pour endoctriner une jeunesse franco-musulmane en mal de vie et en quête d’identité, comme si la française ne lui était plus suffisante.
Que de chemin parcouru entre le Tariq timide de l’année 1985, dialoguant avec une quinzaine d’étudiants dans un petit local associatif de la rue de Vaugirard (j’y étais), et le Ramadan arrogant de 2016 au Bourget, galvanisant des citoyens et citoyennes de la diversité barbue et voilée.
Un saut quantitatif et non guère qualitatif car, du début de sa carrière de missionnaire jusqu’à sa dernière homélie au Bourget, son discours n’a pas évolué d’un iota. Tout au plus s’agit-il d’un changement terminologique dans la continuité théocratique.
Il choisit soigneusement ses contradicteurs
Cet énorme bond en avant, le prédicateur suisse le doit certes à sa maîtrise de la langue de Voltaire et à sa casuistique bien rodée.
Mais il le doit surtout au laxisme des gouvernements successifs, à la fragilité existentielle et même psychologique d’un grand nombre de jeunes socialement déclassés et intellectuellement déculturés, et surtout aux énormes moyens financiers mis à sa disposition par le même émirat qui avait payé pour lui la création de la Chaire d’islamologie à Oxford, ce qui lui vaut l’estampille phosphorescente et anesthésiante de "professeur à Oxford".
Sa notoriété, il la doit aussi à certains médias français philo-islamistes et à l’islamo-gauchisme bien prononcé. Depuis plus de dix ans, le prédicateur oxfordisé est la coqueluche des télévisions et des grands quotidiens parisiens.
Certains avaient bien simulé quelques débats contradictoires avec Sieur Ramadan, mais ce polémiste choisit toujours soigneusement ses contradicteurs, qu’ils soient politiques ou intellectuels. On ne l’a jamais vu en face du grand herméneuticien Mohammed Arkoun, ou du jeune philosophe Abdenour Bidar, ou de votre serviteur.
C’est finalement en Tunisie que le flamboyant prédicateur a été à court d’arguments dans le débat qui l’a opposé aux vieux Mohamed Talbi.
Islamo-gauchisme
Je n’ai pas mis islamo-gauchisme entre guillemets parce que, contrairement à la légende médiatique récemment synthétisée par "Libération", cette expression n’est pas de Jean-Marie Le Guen, ni d’Elisabeth Badinter, ni d’Alain Finkielkraut, ni de Pascal Bruckner, ni même de Pierre-André Taguieff.
Comme l’expression "islamo-fascisme" qu’on a attribué à Manuel Valls, le concept d’islamo-gauchisme est de l’auteur de ces lignes, dans un mémoire universitaire soutenu à la Sorbonne en 1989 et intitulé "L’idéologie communiste et l’islamisme", dans lequel j’avais démontré tous les points de convergences entre le totalitarisme rouge et le totalitarisme vert.
Mais dans leurs recherches en paternité, les journalistes n’ont pas l’habitude d’aller fouiller dans les archives de la Sorbonne mais dans l’encyclopédie d’internet !
La nationalité est une faveur de l'État
Même s’il a provoqué l’ire des vierges effarouchées, Manuel Valls a parfaitement raison de ne pas vouloir donner la nationalité française au prédicateur suisse et disciple du faux sheikh et vrai antisémite, Youssef Qaradawi.
Comme le stipule la Constitution, la nationalité ne relève d’ailleurs pas d’un droit mais d’une faveur de l’État. Mieux encore, lui refuser la nationalité relève effectivement de la Raison d’État, non seulement parce que ses dogmes sont aux antipodes des valeurs républicaines, mais parce que sa stratégie politique vise à long terme le pouvoir.
On devrait plutôt dire la stratégie des Frères musulmans dont il est proche et dont le but ultime est l’instauration d’un califat mondial, comme c’est écrit noir sur blanc dans leur corpus fondateur. Et dans cette conquête du monde, par quel pays commencer si ce n’est par l’ex-fille aînée de l’Église dont la déchristianisation a fragilisé les fondements spirituels et identitaires pour en faire une proie facile.
Dans le délire eschatologique des islamistes, la France est un pays à islamiser parce que c’est une nation déchristianisée.
Exploiter électoralement la diversité
Stimulé par un "printemps arabe", qui a viré à l'hiver islamiste, boosté par le triomphe du maire de Londres, le cheval de Troie des Frères musulmans en Europe estime que le moment est venu pour exploiter électoralement ces enfants de la diversité sanctifiée et de l’altérité sacralisée :
"Je ne suis pas sûr qu’on veuille réellement en France d’un islam autonome, tant du point de vue intellectuel que financier", a répondu Tariq Ramadan à son intervieweuse.
Moi non plus je n’en suis pas si sûr, mais avec la naissance très prochaine d'une nouvelle organisation de musulmans laïcs et républicains, on va tester en grandeur nature la sincérité de cette déclaration de Manuel Valls devant l’Assemblée nationale :
"Nous serons toujours aux côtés de ceux qui prônent l’apaisement et l’adhésion aux valeurs de la République" !
Interrogé par Libération sur les raisons de sa demande de la nationalité française, celui que certains continuent d’appeler "professeur à l’université d’Oxford" a rétorqué :
"C'est ma réponse à toute la classe politique qui est sourde à des propos qui sont tenus depuis 25 ans sur le terrain. Le débat sur la déchéance de la nationalité a, de fait, accéléré ma réflexion".
La réponse du berger à la bergère est venue de Manuel Valls : "Il n’y a aucune raison pour que M. Tariq Ramadan obtienne la nationalité française. Quand on aspire à être Français, c’est qu’on aspire à partager des valeurs".
Son discours n’a pas évolué d’un iota
Pour les vingt ans sur le terrain, elles ont été en effet laborieuses et bien fructueuses pour endoctriner une jeunesse franco-musulmane en mal de vie et en quête d’identité, comme si la française ne lui était plus suffisante.
Que de chemin parcouru entre le Tariq timide de l’année 1985, dialoguant avec une quinzaine d’étudiants dans un petit local associatif de la rue de Vaugirard (j’y étais), et le Ramadan arrogant de 2016 au Bourget, galvanisant des citoyens et citoyennes de la diversité barbue et voilée.
Un saut quantitatif et non guère qualitatif car, du début de sa carrière de missionnaire jusqu’à sa dernière homélie au Bourget, son discours n’a pas évolué d’un iota. Tout au plus s’agit-il d’un changement terminologique dans la continuité théocratique.
Il choisit soigneusement ses contradicteurs
Cet énorme bond en avant, le prédicateur suisse le doit certes à sa maîtrise de la langue de Voltaire et à sa casuistique bien rodée.
Mais il le doit surtout au laxisme des gouvernements successifs, à la fragilité existentielle et même psychologique d’un grand nombre de jeunes socialement déclassés et intellectuellement déculturés, et surtout aux énormes moyens financiers mis à sa disposition par le même émirat qui avait payé pour lui la création de la Chaire d’islamologie à Oxford, ce qui lui vaut l’estampille phosphorescente et anesthésiante de "professeur à Oxford".
Sa notoriété, il la doit aussi à certains médias français philo-islamistes et à l’islamo-gauchisme bien prononcé. Depuis plus de dix ans, le prédicateur oxfordisé est la coqueluche des télévisions et des grands quotidiens parisiens.
Certains avaient bien simulé quelques débats contradictoires avec Sieur Ramadan, mais ce polémiste choisit toujours soigneusement ses contradicteurs, qu’ils soient politiques ou intellectuels. On ne l’a jamais vu en face du grand herméneuticien Mohammed Arkoun, ou du jeune philosophe Abdenour Bidar, ou de votre serviteur.
C’est finalement en Tunisie que le flamboyant prédicateur a été à court d’arguments dans le débat qui l’a opposé aux vieux Mohamed Talbi.
Islamo-gauchisme
Je n’ai pas mis islamo-gauchisme entre guillemets parce que, contrairement à la légende médiatique récemment synthétisée par "Libération", cette expression n’est pas de Jean-Marie Le Guen, ni d’Elisabeth Badinter, ni d’Alain Finkielkraut, ni de Pascal Bruckner, ni même de Pierre-André Taguieff.
Comme l’expression "islamo-fascisme" qu’on a attribué à Manuel Valls, le concept d’islamo-gauchisme est de l’auteur de ces lignes, dans un mémoire universitaire soutenu à la Sorbonne en 1989 et intitulé "L’idéologie communiste et l’islamisme", dans lequel j’avais démontré tous les points de convergences entre le totalitarisme rouge et le totalitarisme vert.
Mais dans leurs recherches en paternité, les journalistes n’ont pas l’habitude d’aller fouiller dans les archives de la Sorbonne mais dans l’encyclopédie d’internet !
La nationalité est une faveur de l'État
Même s’il a provoqué l’ire des vierges effarouchées, Manuel Valls a parfaitement raison de ne pas vouloir donner la nationalité française au prédicateur suisse et disciple du faux sheikh et vrai antisémite, Youssef Qaradawi.
Comme le stipule la Constitution, la nationalité ne relève d’ailleurs pas d’un droit mais d’une faveur de l’État. Mieux encore, lui refuser la nationalité relève effectivement de la Raison d’État, non seulement parce que ses dogmes sont aux antipodes des valeurs républicaines, mais parce que sa stratégie politique vise à long terme le pouvoir.
On devrait plutôt dire la stratégie des Frères musulmans dont il est proche et dont le but ultime est l’instauration d’un califat mondial, comme c’est écrit noir sur blanc dans leur corpus fondateur. Et dans cette conquête du monde, par quel pays commencer si ce n’est par l’ex-fille aînée de l’Église dont la déchristianisation a fragilisé les fondements spirituels et identitaires pour en faire une proie facile.
Dans le délire eschatologique des islamistes, la France est un pays à islamiser parce que c’est une nation déchristianisée.
Exploiter électoralement la diversité
Stimulé par un "printemps arabe", qui a viré à l'hiver islamiste, boosté par le triomphe du maire de Londres, le cheval de Troie des Frères musulmans en Europe estime que le moment est venu pour exploiter électoralement ces enfants de la diversité sanctifiée et de l’altérité sacralisée :
"Je ne suis pas sûr qu’on veuille réellement en France d’un islam autonome, tant du point de vue intellectuel que financier", a répondu Tariq Ramadan à son intervieweuse.
Moi non plus je n’en suis pas si sûr, mais avec la naissance très prochaine d'une nouvelle organisation de musulmans laïcs et républicains, on va tester en grandeur nature la sincérité de cette déclaration de Manuel Valls devant l’Assemblée nationale :
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