Les 'sorcières de la nuit'

Comme tous les régiments de bombardement de nuit, le 588ème effectuait habituellement des bombardements de harcèlement. En particulier le l'attaque de campements, de bases arrières et des dépôts d'approvisionnement où l'ennemi essayait de se reposer les jours de combat acharnés. Les cibles étaient rarement d'importance stratégique, mais l'effet de terreur, d'insécurité et d'agitation continuelle parmi les allemands était psychologiquement très efficace. Ce sont d'ailleur les allemands, devant tant d'acharnement, qui surnomèrent ces femmes "sorcières de la nuit" (Nachthexen). Durant une nuit, Nadia Popova et sa co-pilote bombardèrent les allemands 18 fois !

Compte tenu de la faible performance du biplan Po. 2 (vitesse maximum 150 km/h, plus lente même que la plupart des chasseurs de la grande guerre !) et la vulnérabilité à l'égard des chasseurs ennemis, le harcèlement par les bombardements de nuit n'était pas une mince affaire...

Mais les sorcières apprenaient leu boulot très bien. Le Po. 2 était très lent mais aussi très maniable. Quand le Messerschmitt 109 essayait de l'intercepter, l'avion russe pouvait virer subitement et agilement à une vitesse largement inférieure à la vitesse minimum de Me. 109, forçant l'allemand à un vol circulaire pour pouvoir attaquer de nouveau et le petit jeu pouvait reprendre de plus belle.
les pilotes rasaient souvent le sol, assez bas pour se cacher derrière les arbres. Le chasseur allemand n'avait pas d'autre choix que de recommencer sans cesse ou, frustré, de laisser faire le Po. 2. On aurait même promis la croix de fer aux pilotes allemands parvenant à abattre ce petit biplan de bombardement ! Les pilotes de Focke Wulf 190, un autre modèle de chasseur, n'étaient guère plus heureux. Décidément, abattre cet avion lent et dépassé constituait, paradoxalement, un exploit !

LA TACTIQUE DES SORCIERES DE LA NUIT

Les sorcières volaient vers les campements ennemis ciblés, puis à une certaine distance, coupaient le moteur, et continuaient en vol plané silencieux. Quand les allemands entendaient, paniqués, le sifflement caractéristique dans la nuit, il était déjà trop tard. Les biplans lachaient leur bombes puis redémarraient leur moteur pour rentrer. Ces Polikarpov 2 n'était pratiquement jamais détecté par les chasseurs de nuit allemands du fait de leur enveloppe de toile et de leur vols en rase-motte. Même leur petits moteurs de 110 Cv échappaient à la détection des radars infra-rouge.

Cela dit, pour les projecteurs, c'était une autre histoire ! A Stalingrad, les allemands développaient une tactique appellé "Le cirque de la DCA" par les russes. Ils sortaient leur canons anti-aériens - cachés pendant la journée - et les disposaient avec des projecteurs en cercles concentriques autour de cibles probables. Les Po. 2 qui traversaient le périmètre en paire de deux et en ligne droite (caractéristique des pilotes russes inexpérimentés et têtu) étaient souvent réduits en miettes par les canons de 37 allemands.

Mais les sorcières du 588ème régiment initièrent une parade. Elles se mirent à voler par trois. Les deux première commençaient une fausse attaque et étaient rapidement encadrée par les projecteurs de la DCA. Aussitôt elles s'échappaient en zigzaguant pour éviter les tir. Les défenseurs s'évertuaient alors à les encadrer avec leur projecteurs. C'est alors que la troisièmes assaillante se se faufilait dans l'obscurité pour faire "mouche" sans la moindre opposition. Puis elle s'en allait rejoindre les autres pour elle même servir de leurre. Le petit jeu se répétait jusqu'a ce que les trois avions aient lancé leur bombes. Il fallait vraiment des nerfs d'acier pour accepter de servir d'appât, mais cette tactique marchait, comme le disait Nadya Popova.