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Cette carte des 64 ghettos de France qui n'existe pas...
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Cette carte des 64 ghettos de France qui n'existe pas...
Six décennies séparent l'appel de l'abbé Pierre de l'"apartheid" dénoncé par Manuel Valls. Comment en est-on arrivé à cette France des "ghettos"? Officiellement, la carte n'existe pas. Chaque administration a la sienne. Le JDD a recueilli l'avis de géographes, de policiers et de sociologues pour dresser cette carte. Elle comporte 38 villes et 64 quartiers.
La fin des bidonvilles
"L'appel de l'abbé Pierre, en 1954, a conduit le gouvernement à mettre en place une politique de construction rapide, rappelle la géographe Béatrice Giblin (1). On fait au plus vite et au mieux, en se disant que cela durera quarante ans et qu'on améliorera après…" Fin des années 1960, les Français vivent désormais avec deux salaires et quittent ces quartiers, remplacés par les habitants des bidonvilles. "C'est aussi le temps du regroupement familial dans des barres d'immeubles et aussi de la montée du chômage pour les ouvriers peu qualifiés, poursuit la géographe. On construit là où le foncier n'est pas cher, donc mal desservi. C'est-à-dire sur les plateaux, loin des lignes de chemin de fer, dans les vallées…"
Le maquis des ZUS
En restructuration urbaine depuis trente-cinq ans, quelque 500 quartiers ont bénéficié d'une succession de dispositifs, avec chacun son acronyme (ZUS, Cucs, ZRU, ZFU…). "Intégrer une immigration massive est un processus long, rapporte Béatrice Giblin. Depuis quelques années, on commence à dédensifier les cités." Pour le sociologue Éric Maurin (2), ces logements sociaux ne doivent pas être concentrés aux mêmes endroits, au risque de reproduire les mêmes erreurs, mais disséminés partout dans la ville, voire saupoudrés dans des immeubles, par étages.
Chômage record
Dans ces quartiers, une personne sur deux vit avec 900 euros par mois. Le taux de chômage y est de 23% – contre 9,7% au niveau national – et culmine à 45% chez les moins de 25 ans, malgré les emplois aidés. Les discriminations à l'embauche restent criantes, même chez les jeunes diplômés… Le géographe Christophe Guilluy (3) rappelle que ces quartiers "produisent tout de même une classe moyenne. La population bouge, dire que rien ne change est une erreur. Le jeune chômeur d'aujourd'hui n'est pas celui de demain, mais les meilleurs partent et sont remplacés par des plus précaires. L'immigration aussi a changé, avec une population d'abord européenne puis maghrébine et africaine, maintenant sri-lankaise."
Insécurité, mafia et zones de non-droit
"La misère est le meilleur terreau pour la délinquance", a coutume de dire le préfet Christian Lambert, en charge de l'évaluation des 80 ZSP (zones de sécurité prioritaires), créées depuis 2012. Ce n'est donc pas un hasard si 77 de ces zones ciblées par la police et la gendarmerie recoupent également des quartiers prioritaires. Un dispositif, insiste l'ancien patron du Raid, qui a découvert les vertus de la prévention quand il était préfet de Seine-Saint-Denis, qui serait bancal sans un accompagnement sur l'emploi, l'école, le sport ou la rénovation urbaine. "Là où la rénovation urbaine progresse, la délinquance recule. À condition, insiste un haut fonctionnaire du ministère de l'Intérieur, de remettre de la vie, des commerces de proximité, des cabinets médicaux, sinon on sait qui prend possession de l'espace public…"
Les pouvoirs publics ont mis du temps mais ils ont désormais compris qu'à force de prospérer sur le trafic de drogue, ce sont de véritables "organisations criminelles" qui se sont créées dans nos quartiers. Au point, si l'on en croit le dernier rapport du Service d'information, de renseignement et d'analyse stratégique sur la criminalité organisée (Sirasco), de présenter au moins trois caractéristiques d'une mafia : la maîtrise d'un territoire par la force et l'intimidation ; une puissance financière (1,8 milliard d'euros de chiffre d'affaires estimé pour le seul cannabis) qui "structure en profondeur une économie souterraine et désagrège le tissu socio-économique légal" ; une criminalité connexe au trafic avec ses enlèvements, règlements de comptes, extorsions, vols et trafics de véhicules… Logique donc que les Stups constituent la priorité des forces de l'ordre en ZSP – 4 tonnes de résine saisies sur les neuf premiers mois de 2014 soit une augmentation de 120% – avec la tranquillité publique, les violences urbaines, les vols avec violence et les cambriolages.
Les ZSP sont-elles trop nombreuses et pas assez ciblées? "Non, argumente Nicolas Comte, du syndicat Unité SGP-FO. Contrairement à la police de proximité, les ZSP n'ont pas vocation à être généralisées. Il faut faire des choix et éviter de disperser les moyens." Est-ce à dire que les ZSP ont mis fin aux zones de non-droit? "Si on veut, dit dans un sourire Frédéric Lagache, du syndicat Alliance. On va partout… à condition d'être assez nombreux et très prudents!"
Ségrégation
"Dans ces quartiers, la proportion de Français d'origine étrangère et d'immigrés se situe entre un tiers et 50% de la population", confirme Myriam El Khomri. "Elle atteint même les deux tiers en Île-de-France", précise encore la secrétaire d'État à la Ville. Maghrébins et Africains subsahariens constituent la majorité de ces populations, la plupart de culture musulmane. Polémique sur le voile intégral, tensions dans les écoles, débordements antisémites lors de manifestations pro-Gaza… La préoccupation des pouvoirs publics ne date pas des attentats. "Si les services publics n'investissent pas le terrain, ce sont les "barbus" qui assurent le service social", résume un policier, qui souligne que la carte des ZSP recoupe aussi en partie celle des départs pour le djihad syrien…
Éducation
La ministre l'a répété cette semaine : "L'école n'est pas étanche." Rien d'étonnant à ce que des établissements, à l'image des quartiers où ils sont situés, cumulent les problèmes : 80% des zones d'éducation prioritaire sont d'ailleurs aujourd'hui en politique de la ville. L'Éducation nationale cible 350 réseaux d'éducation prioritaire renforcée (REP +), concentrant les plus grandes difficultés sociales et scolaires : celles qui comptent le plus de boursiers, d'élèves de milieux défavorisés, en retard scolaire… À Roubaix, par exemple, les collèges en REP + comptent plus de 80% d'élèves issus de milieu défavorisé (contre 35% en moyenne), près de trois quarts sont boursiers (contre 27,5% en moyenne). À Clichy-sous-Bois, près de 30% des collégiens en REP + sont déjà en retard à leur entrée en sixième, trois fois plus que la moyenne nationale (10,5%)… Faudrait-il aussi se doter d'indicateur de mixité ethnique? "Quand vous n'avez pas l'outil, vous ne pouvez pas transformer un problème en politique publique", regrette la sociologue Nathalie Mons, présidente du Cnesco (Conseil national de l'évaluation du système scolaire).
(1) Auteure du Dictionnaire des banlieues.
(2) Auteur du Ghetto français.
(3) Auteur de La France périphérique.
http://www.lejdd.fr/Societe/Cette-carte-des-64-ghettos-de-France-qui-n-existe-pas-714524
La fin des bidonvilles
"L'appel de l'abbé Pierre, en 1954, a conduit le gouvernement à mettre en place une politique de construction rapide, rappelle la géographe Béatrice Giblin (1). On fait au plus vite et au mieux, en se disant que cela durera quarante ans et qu'on améliorera après…" Fin des années 1960, les Français vivent désormais avec deux salaires et quittent ces quartiers, remplacés par les habitants des bidonvilles. "C'est aussi le temps du regroupement familial dans des barres d'immeubles et aussi de la montée du chômage pour les ouvriers peu qualifiés, poursuit la géographe. On construit là où le foncier n'est pas cher, donc mal desservi. C'est-à-dire sur les plateaux, loin des lignes de chemin de fer, dans les vallées…"
Le maquis des ZUS
En restructuration urbaine depuis trente-cinq ans, quelque 500 quartiers ont bénéficié d'une succession de dispositifs, avec chacun son acronyme (ZUS, Cucs, ZRU, ZFU…). "Intégrer une immigration massive est un processus long, rapporte Béatrice Giblin. Depuis quelques années, on commence à dédensifier les cités." Pour le sociologue Éric Maurin (2), ces logements sociaux ne doivent pas être concentrés aux mêmes endroits, au risque de reproduire les mêmes erreurs, mais disséminés partout dans la ville, voire saupoudrés dans des immeubles, par étages.
Chômage record
Dans ces quartiers, une personne sur deux vit avec 900 euros par mois. Le taux de chômage y est de 23% – contre 9,7% au niveau national – et culmine à 45% chez les moins de 25 ans, malgré les emplois aidés. Les discriminations à l'embauche restent criantes, même chez les jeunes diplômés… Le géographe Christophe Guilluy (3) rappelle que ces quartiers "produisent tout de même une classe moyenne. La population bouge, dire que rien ne change est une erreur. Le jeune chômeur d'aujourd'hui n'est pas celui de demain, mais les meilleurs partent et sont remplacés par des plus précaires. L'immigration aussi a changé, avec une population d'abord européenne puis maghrébine et africaine, maintenant sri-lankaise."
Insécurité, mafia et zones de non-droit
"La misère est le meilleur terreau pour la délinquance", a coutume de dire le préfet Christian Lambert, en charge de l'évaluation des 80 ZSP (zones de sécurité prioritaires), créées depuis 2012. Ce n'est donc pas un hasard si 77 de ces zones ciblées par la police et la gendarmerie recoupent également des quartiers prioritaires. Un dispositif, insiste l'ancien patron du Raid, qui a découvert les vertus de la prévention quand il était préfet de Seine-Saint-Denis, qui serait bancal sans un accompagnement sur l'emploi, l'école, le sport ou la rénovation urbaine. "Là où la rénovation urbaine progresse, la délinquance recule. À condition, insiste un haut fonctionnaire du ministère de l'Intérieur, de remettre de la vie, des commerces de proximité, des cabinets médicaux, sinon on sait qui prend possession de l'espace public…"
Les pouvoirs publics ont mis du temps mais ils ont désormais compris qu'à force de prospérer sur le trafic de drogue, ce sont de véritables "organisations criminelles" qui se sont créées dans nos quartiers. Au point, si l'on en croit le dernier rapport du Service d'information, de renseignement et d'analyse stratégique sur la criminalité organisée (Sirasco), de présenter au moins trois caractéristiques d'une mafia : la maîtrise d'un territoire par la force et l'intimidation ; une puissance financière (1,8 milliard d'euros de chiffre d'affaires estimé pour le seul cannabis) qui "structure en profondeur une économie souterraine et désagrège le tissu socio-économique légal" ; une criminalité connexe au trafic avec ses enlèvements, règlements de comptes, extorsions, vols et trafics de véhicules… Logique donc que les Stups constituent la priorité des forces de l'ordre en ZSP – 4 tonnes de résine saisies sur les neuf premiers mois de 2014 soit une augmentation de 120% – avec la tranquillité publique, les violences urbaines, les vols avec violence et les cambriolages.
Les ZSP sont-elles trop nombreuses et pas assez ciblées? "Non, argumente Nicolas Comte, du syndicat Unité SGP-FO. Contrairement à la police de proximité, les ZSP n'ont pas vocation à être généralisées. Il faut faire des choix et éviter de disperser les moyens." Est-ce à dire que les ZSP ont mis fin aux zones de non-droit? "Si on veut, dit dans un sourire Frédéric Lagache, du syndicat Alliance. On va partout… à condition d'être assez nombreux et très prudents!"
Ségrégation
"Dans ces quartiers, la proportion de Français d'origine étrangère et d'immigrés se situe entre un tiers et 50% de la population", confirme Myriam El Khomri. "Elle atteint même les deux tiers en Île-de-France", précise encore la secrétaire d'État à la Ville. Maghrébins et Africains subsahariens constituent la majorité de ces populations, la plupart de culture musulmane. Polémique sur le voile intégral, tensions dans les écoles, débordements antisémites lors de manifestations pro-Gaza… La préoccupation des pouvoirs publics ne date pas des attentats. "Si les services publics n'investissent pas le terrain, ce sont les "barbus" qui assurent le service social", résume un policier, qui souligne que la carte des ZSP recoupe aussi en partie celle des départs pour le djihad syrien…
Éducation
La ministre l'a répété cette semaine : "L'école n'est pas étanche." Rien d'étonnant à ce que des établissements, à l'image des quartiers où ils sont situés, cumulent les problèmes : 80% des zones d'éducation prioritaire sont d'ailleurs aujourd'hui en politique de la ville. L'Éducation nationale cible 350 réseaux d'éducation prioritaire renforcée (REP +), concentrant les plus grandes difficultés sociales et scolaires : celles qui comptent le plus de boursiers, d'élèves de milieux défavorisés, en retard scolaire… À Roubaix, par exemple, les collèges en REP + comptent plus de 80% d'élèves issus de milieu défavorisé (contre 35% en moyenne), près de trois quarts sont boursiers (contre 27,5% en moyenne). À Clichy-sous-Bois, près de 30% des collégiens en REP + sont déjà en retard à leur entrée en sixième, trois fois plus que la moyenne nationale (10,5%)… Faudrait-il aussi se doter d'indicateur de mixité ethnique? "Quand vous n'avez pas l'outil, vous ne pouvez pas transformer un problème en politique publique", regrette la sociologue Nathalie Mons, présidente du Cnesco (Conseil national de l'évaluation du système scolaire).
(1) Auteure du Dictionnaire des banlieues.
(2) Auteur du Ghetto français.
(3) Auteur de La France périphérique.
http://www.lejdd.fr/Societe/Cette-carte-des-64-ghettos-de-France-qui-n-existe-pas-714524
Merl1- Messages : 6020
Date d'inscription : 26/05/2014
Localisation : La Géhenne ou presque...
Re: Cette carte des 64 ghettos de France qui n'existe pas...
Je connais bien la Mosson, j'y vais le moins souvent possible. Il y a souvent un arrière goût de Bagdad avec ses bagnoles brûlés, les coups de feux de temps à autres le soir, ses femmes en burqua intégrale. Un ami de mon père a du "déménager" (enfin on lui a gentiment demandé à coup de batte à 1h00 du mat à son domicile)
Sur la proportion d'étrangers ou de français d'origine étrangères : je dirais qu'on est plutôt sur du 85/90%.
Les quartiers nord de Marseille j'y suis passé durant l'été dernier en voiture. Vous avez vu Jurassik Park ? Bah là c'est pareil on espère que la voiture tombe pas en panne...
Sur la proportion d'étrangers ou de français d'origine étrangères : je dirais qu'on est plutôt sur du 85/90%.
Les quartiers nord de Marseille j'y suis passé durant l'été dernier en voiture. Vous avez vu Jurassik Park ? Bah là c'est pareil on espère que la voiture tombe pas en panne...
Re: Cette carte des 64 ghettos de France qui n'existe pas...
Vous avez vu le T-Rex ?
EDIT : D'ailleurs dans Jurassic Park, excepté un tricératops camé, ils ne voient rien pendant la visite jusqu'à ce que ça commence à déconner. Marrante l'analogie.
EDIT : D'ailleurs dans Jurassic Park, excepté un tricératops camé, ils ne voient rien pendant la visite jusqu'à ce que ça commence à déconner. Marrante l'analogie.
Saint Crouton Éclairé- Messages : 1506
Date d'inscription : 30/10/2014
Localisation : Au millieu des abysses
Re: Cette carte des 64 ghettos de France qui n'existe pas...
Patriote a écrit:Je connais bien la Mosson, j'y vais le moins souvent possible. Il y a souvent un arrière goût de Bagdad avec ses bagnoles brûlés, les coups de feux de temps à autres le soir, ses femmes en burqua intégrale. Un ami de mon père a du "déménager" (enfin on lui a gentiment demandé à coup de batte à 1h00 du mat à son domicile)
Sur la proportion d'étrangers ou de français d'origine étrangères : je dirais qu'on est plutôt sur du 85/90%.
Les quartiers nord de Marseille j'y suis passé durant l'été dernier en voiture. Vous avez vu Jurassik Park ? Bah là c'est pareil on espère que la voiture tombe pas en panne...
C'est tout à fait ça Patriote !
Napoléon III- Messages : 2315
Date d'inscription : 21/05/2014
Age : 25
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