L’inexorable ghettoïsation des Roms

A Pazardjik, dans le sud de la Bulgarie, vivent les Roms les plus pauvres et les plus ostracisés du pays. Suspectés de sympathies pour l’islam radical, ils craignent désormais de faire les frais des tensions ethniques qui agitent le pays



Non, ce n’est pas un check point, mais ça en a tout l’air: difficile de contourner le poste de police situé à l’entrée du quartier d’Iztok à Pazardjik (sud de la Bulgarie), juste en face de l’école. Une quinzaine de fonctionnaires entassés dans des locaux exigus et mal éclairés, deux Lada hors d’âge pour les patrouilles et, à en croire son jeune commissaire, beaucoup de bonne volonté pour travailler dans cette véritable ville dans la ville.

Avec ses quelque 20 000 habitants (Pazardjik en compte 68 000), Iztok a la triste réputation d’être le ghetto tsigane le plus pauvre du pays, où le taux de chômage avoisine les 90%. Cordial et souriant, le commandant nous reçoit dans son bureau pour nous expliquer la seule règle lorsqu’on vient visiter ce quartier pas comme les autres: ne jamais s’y attarder la nuit et toujours être accompagné par un «local». Mais son visage se tend lorsqu’on essaie d’évoquer plus en détail son travail dans un contexte de tensions ethniques grandissantes dans le pays. Et surtout depuis qu’Iztok, suspecté d’être un nid de djihadistes, est apparu sur le radar du contre-espionnage bulgare. Il ne veut pas de problèmes; il dit qu’il en a suffisamment comme ça.

Depuis bientôt un mois, la Bulgarie – pays multiethnique et fier de son «modèle» – est agitée par une série de violences à caractère raciste contre les Roms. Tous les jours, des incidents sont rapportés ici ou là, qui semblent tous obéir à un scénario écrit d’avance: une altercation qui dégénère, puis des renforts qui arrivent pour dénoncer la «criminalité tsigane» et n’hésitent pas à en venir aux mains, ce qui a pour résultat que des quartiers entiers vivent désormais en état de siège.

A Iztok, policiers comme habitants craignent d’être «les prochains sur la liste». «Les violences? C’est le fait de véritables commandos punitifs. Leurs membres sont recrutés parmi les ultras de foot, les nationalistes et les militants d’extrême droite. Ils vont là où on leur dit d’aller et disent ce qu’on leur dit de dire», assène Dimitar Assenov, à la tête d’une association d’aide sociale dans le quartier. Une trentaine de leva (la moitié en euro), tel serait le salaire journalier de ces jeunes aux cheveux ras pour «casser du Tsigane» à la commande. Mais pour le compte de qui? «S’en prendre aux Roms est toujours porteur dans ce pays. Pour les nationalistes et les opportunistes. Mais aussi pour les grands partis, pour qu’ils puissent se poser en protecteurs des minorités», poursuit-il.

«Bienvenue dans un monde parallèle», lance encore notre guide. Derrière les vitres de sa petite voiture rouge défilent les images du ghetto, toujours difficiles à traduire en mots, tant elles sont chargées de misère et de dénuement. Mais aussi de contrastes. Les maisons en terre battue sans eau courante ni électricité laissent la place à de petits palais peints de couleurs vives bardés d’antennes satellite. Ce sont les maisons des familles qui ont réussi, à savoir qui mendient en Europe de l’Ouest, m’explique Dimitar Assenov. Plus loin, des enfants jouent dans la boue, des chiens aux allures menaçantes errent à travers les tas d’immondices qui jonchent les ruelles. Des éclats de voix et de la musique retentissent autour de braseros improvisés. Des échoppes vendent des produits de contrebande. On remarque aussi les vitrines chargées d’or et de bijoux des prêteurs sur gages, les véritables caïds des ghettos.

Iztok grouille de monde. Des hommes, des femmes et des enfants de tous âges, qui semblent vivre dans la rue, nous fixant avec leurs yeux de braise, incrédules tant notre présence parmi eux leur apparaît comme irréelle. Mais aux abords de la mosquée Abou Bakr, plus connue comme la «mosquée verte», ces regards deviennent plus durs, menaçants même. C’est ici que, le 25 novembre 2014, des hommes lourdement armés de la DANS, l’agence de contre-espionnage bulgare, ont fait irruption pour arrêter une dizaine de personnes. 

Le lendemain, sept d’entre elles, dont l’imam Ahmed Moussa, ont été inculpées pour diffusion des idées du groupe djihadiste Etat islamique (EI). Des drapeaux et commentaires islamistes publiés sur la Toile, et même une vidéo jouée par des enfants et mimant l’exécution d’un otage, figurent parmi les éléments à charge.

Mais Dimitar Assenov a une autre explication de cette affaire. «Tout cela est pour de l’argent. Les Roms sont de pauvres hères, facilement manipulables, mais pas des djihadistes», dit-il. Selon lui, certains habitants d’Iztok sont bien tombés dans les filets d’islamistes venus d’ailleurs. C’est alors que sont apparus ces barbus habillés en salafistes et même des femmes en niqab – du jamais-vu ici. A Pazardjik, la rumeur dit que des fondations islamistes rétribuent les Roms selon un tarif bien précis: une centaine d’euros pour le port de la barbe, 150 pour une nouvelle recrue, 200 pour le voile intégral. Et que, pour éviter d’être remontés par la police, ces transferts d’argent se font de main à main via de mystérieux émissaires qui donnent leurs rendez-vous dans les fast-foods de l’autoroute vers Istanbul.

Enfin, Dimitar Assenov nous montre l’immeuble dans lequel il vit: un HLM lépreux aux caves inondées, où l’eau courante n’arrive qu’au troisième étage faute de pression suffisante. Il nous raconte avec nostalgie ces années où Roms et Bulgares vivaient ensemble, en bons voisins. Mais aussi ce long et insidieux processus de ghettoïsation alimenté par un racisme de plus en plus décomplexé et une pression immobilière savamment distillée. Résultat: tout le monde a fini par rejoindre les siens, dans la méfiance réciproque puis l’animosité.

Sociologues et anthropologues ne disent pas autre chose. Pour Antonina Jeliazkova, du Centre international d’études des minorités de Sofia, la rupture des relations entre Roms et Bulgares est définitive. «Ce qui nous attend est une cohabitation difficile et hostile, à l’instar de l’Afrique du Sud ou des ghettos noirs aux Etats-Unis», disait-elle bien avant les événements récents. Sa voix, comme celle de tant d’autres, n’a visiblement pas été entendue.


http://www.letemps.ch/Page/Uuid/407fb160-16b3-11e5-96f4-d5eb39d18cde/Linexorable_ghetto%C3%AFsation_des_Roms

Suspectés de sympathies pour l’islam radical

Quelle tare ces gens n'ont pas ?

A terme il n'y a pas 36 issues, donnez leur votre maison ou consentez à ce que les einsatzgruppen fassent le travail.

fier de son «modèle»
[...]
commandos punitifs.

Bééé oui, c'est uniquement parce qu'il y a quelques citoyens qui en sont encore conscient que leur "modele" reste stable et ne devient pas libano-yougoslave ou carrement le 93.

palais peints de couleurs vives bardés d’antennes satellite. Ce sont les maisons des familles qui ont réussi, à savoir qui mendient en Europe de l’Ouest

souvenez vous en quand vous payez l'impot.

l’Afrique du Sud ou des ghettos noirs aux Etats-Unis

en clair là ou plus un blanc n'est assez con pour s'y aventurer, magnifique.

sans eau courante ni électricité

même pour eux mêmes ils ne se sortent pas les doigts du cul. il faut quand même pas 3 doctorat en philo, physique nucleaire et economie pour pondre une plomberie bricolée ...

J'arrive toujours pas à croire qu'aujourd'hui en France on ait des associations pour défendre des roms. Bordel c'est du masochisme complet. 

J'ai mon ex qui avait perdu sa grand mère à cause d'une bande de roms. Ils avaient attaqués à 5 pour lui voler son sac, une grand mère de 89 ans... Une semaine après leur campement s'est tiré.

tu amalgame, c'etait de l'enrichissement culturel

La seule culture roms c'est la culture des maladies