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Natacha Bouchart, la maire "funambule" de Calais
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Natacha Bouchart, la maire "funambule" de Calais
Par Estelle Gross
Publié le 13-09-2015 à 08h03
A la tête de la ville depuis 7 ans, Natacha Bouchart a vu venir la crise migratoire actuelle. Attaquée par l'extrême droite, chahutée par la gauche, elle pourrait laisser son mandat si la droite emportait la région aux prochaines élections.
"Je ne parle pas anglais", avoue-t-elle en baissant la voix dans l’ascenseur de la mairie quelques minutes avant de prendre le train pour Londres. Pour la deuxième fois, la maire Les Républicains de Calais, Natacha Bouchart s’en va plaider la cause de ses administrés devant les Lord britanniques. C’est son adjoint à la sécurité qui se chargera de la traduction.
David Cameron a beau avoir lâché du lest et accepté d’accueillir plus des migrants, Natacha Bouchart revient demander une nouvelle fois que les 3.500 réfugiés installés aux abords de Calais dans des cabanes de fortune qui, pour la plupart tentent de traverser la Manche, ne soient pas oubliés. L’édile espère aussi la construction d’un centre jumeau de l’autre côté de la Manche et un dédommagement. Elle a d’ailleurs exigé "50 millions d’euros pour pallier les préjudices subis économiquement" par sa ville, aux gouvernements français et britannique.
Les migrants ça fait partie du mandat, je ne me souviens pas avoir passé une seule journée sans en avoir parlé", expliquait-elle un peu plus tôt derrière sa grande table de réunion.
Voilà maintenant sept ans que cette quinquagénaire s’est installée sous le beffroi en brique rouge et tape à toutes les portes des gouvernements successifs pour obtenir de l’aide. Le 31 août dernier, plus de dix ans après la fermeture de Sangatte, le Premier ministre Manuel Valls s’est rendu sur place et a annoncé la construction d’un campement humanitaire pour 1.500 migrants. Une petite satisfaction pour la maire qui réclamait cette mesure depuis un an.
La crise migratoire ? Natacha Bouchart l’a vu venir : "Il y a un an, on a bien remarqué ici que les flux augmentaient". A l’époque, elle interpelle dans les médias les ministres, l’Europe, les Anglais. Rien. "De 2012 à 2014, ça a été la période la plus dure, nos dispositifs sont devenus obsolètes", confie-t-elle. "Les responsables européens auraient pu anticiper et préparer les populations européennes, les rassurer".
Sur le droit d’asile aussi, l’élue estime que l’Europe aurait dû s’interroger. A rebours de sa famille politique, Natacha Bouchart refuse de dissocier celui qui est venu parce qu’il avait faim de celui qui était menacé par les armes.
l n’y a pas de sous-migrants ! Le droit d’asile devrait englober les deux !"
"Elle recherche toujours l’équilibre entre fermeté et humanité"
Cette petite dame au visage rond a raflé en 2008, à la surprise générale, la mairie de cette ville de 77.000 habitants qui était depuis 37 ans aux mains des communistes. Personne ne pariait sur la victoire de cette native de Lens dans la ville portuaire. Et pourtant.
Tout a commencé lorsqu’à 16 ans, Natacha Bouchart décide d’écrire à Michel Debré après l’avoir vu à la télévision proposer une compensation financière pour les femmes qui élèvent des enfants à la maison.
Je lui ai écrit pour lui dire tout le mal que j’en pensais : ça réduisait le rôle des femmes, ça les cantonnaient au foyer et qu’il fallait qu’elles puissent travailler !"
A son grand étonnement, Debré lui répond et l’invite à s’engager en politique. Elle prend sa carte au RPR le lendemain.
Son père Maurice Keuroglanian est déjà engagé dans le parti. A l’époque l’ancien ministre et désormais président du CESE Jean-Paul Delevoye a à peine 30 ans quand il fait la connaissance de ce "gentil volubile" qui vend, avec sa femme, du tissu d’ameublement sur les marchés. Tous deux partagent la même admiration pour le général De Gaule. Natacha Bouchart n’est encore qu’une enfant. Mais quand il prend la tête de la fédération RPR du Pas de Calais en 1987 c’est à elle, devenue entretemps une militante très active, qu’il propose le poste de secrétaire.
Toujours très liés, c’est lui qui l’a parrainée lorsqu’elle a été décorée de l’Ordre du mérite et, pour la petite histoire, il l’a même marié dans sa ville de Bapaume. L’ancien ministre qui a quitté l’UMP se dit "admiratif" de sa gestion de la ville mais surtout de la problématique migratoire : "Fidèle à ses convictions, elle recherche toujours l’équilibre entre fermeté et humanité".
Fille de réfugiés
"Je suis un funambule", répète à l’envi Natacha Bouchart. Sa méthode ? "Il faut toujours gérer au plus juste, éviter des débordements avec l’afflux de réfugiés et avec la population. Si on fait trop dans l’humanité, on crée un sentiment d’injustice et trop de fermeté, on devient totalitaire. Il suffit d’appliquer les lois de la République". Tout en consacrant du temps aux autres dossiers de la ville : la rénovation urbaine, le projet de parc d’attraction etc... A la recherche perpétuelle de l’équilibre, la maire estime que jusqu’à présent ça s’est passé "le moins mal possible".
Son "humanité" lui vaut toutes les attaques de l’extrême droite. Le vice-président du FN, Florian Philippot l’avait d’ailleurs dans le viseur lors de l’université de rentrée du Front national à Marseille. En cause une déclaration faite début septembre à "Valeurs Actuelles" : "les migrants, une richesse culturelle exceptionnelle".
Les assauts du FN font sourire la maire : "Oui, c’est une richesse !" Comment pourrait-elle dire le contraire, elle, fille de réfugiés arméniens et polonais ? Une histoire qu’elle ne met pas pour forcément en avant : "C’était des réfugiés politiques, leur objectif était de s’intégrer. Ici, il y a moins de 10% de demandes d’asile".
"Il y a Natacha et il y a Bouchart"
La gauche non plus n’est pas tendre avec elle. Si elle a pourtant participé à son élection puis à sa réélection en 2014, elle ne lui pardonne pas son "appel à la délation". En octobre 2013, Natacha Bouchart invite les Calaisiens sur Facebook à signaler la présence de squats dans la ville. "Quand on n’est pas concerné c’est choquant", admet l’élue, "mais je suis allée au-delà et tant pis si un jour c’est écrit sur ma tombe !" Désormais une loi porte son nom : la loi Bouchart qui vise "à préciser l’infraction de violation de domicile". "J’ai réglé un problème national et la loi a été votée à l’unanimité", ajoute-t-elle non sans fierté.
"C’est un caméléon, elle n’a pas peur des virages à 360 degrés", commente le député socialiste du Pas-de-Calais, Yann Capet. Lequel s’agace aussi de sa "politique du buzz" et de sa façon de s’approprier parfois le succès ou les idées des autres. "Elle la joue un peu trop perso", abonde un autre acteur local.
"Il y a Natacha et il y a Bouchart", ironise de son côté Philippe Blet (MRC), "Natacha ouvre le centre d’accueil Jules Ferry et Bouchart prend un arrêté anti-migrant". Celui qui en 2008 avait passé un accord électoral avec la candidate UMP, renouvelé en 2014 (à Natacha Bouchart la mairie, à lui la présidence de la communauté d’agglomération) est amer. Poussé vers la sortie, Philippe Blet a finalement démissionné de Cap Calaisis en avril 2015. Il voulait augmenter les impôts, elle non. Et ce n’est pas leur seul désaccord. "Elle navigue à la godille", tance l’élu qui souligne, non sans malice, que le traité du Touquet que la maire dénonce aujourd’hui, a pourtant été signé avec les Britanniques par Sarkozy en 2003.
Et Bouchart c’est une midinette devant Sarkozy ! C’est le fan club".
"Je ne suis pas béate", se défend-elle. Natacha Bouchart et Nicolas Sarkozy se connaissent depuis longtemps. La première fois qu’ils se sont rencontrés, il est délégué national des jeunes du RPR, elle déléguée des jeunes du département. Elle apprécie son franc-parler. En octobre 2007, elle vient le voir à l’Elysée pour obtenir l’investiture pour Calais.
Source : le nouvel observateur
Une "maire" pleine de courage et d'abnégation ! Bravo madame le Maire.
Publié le 13-09-2015 à 08h03
A la tête de la ville depuis 7 ans, Natacha Bouchart a vu venir la crise migratoire actuelle. Attaquée par l'extrême droite, chahutée par la gauche, elle pourrait laisser son mandat si la droite emportait la région aux prochaines élections.
"Je ne parle pas anglais", avoue-t-elle en baissant la voix dans l’ascenseur de la mairie quelques minutes avant de prendre le train pour Londres. Pour la deuxième fois, la maire Les Républicains de Calais, Natacha Bouchart s’en va plaider la cause de ses administrés devant les Lord britanniques. C’est son adjoint à la sécurité qui se chargera de la traduction.
David Cameron a beau avoir lâché du lest et accepté d’accueillir plus des migrants, Natacha Bouchart revient demander une nouvelle fois que les 3.500 réfugiés installés aux abords de Calais dans des cabanes de fortune qui, pour la plupart tentent de traverser la Manche, ne soient pas oubliés. L’édile espère aussi la construction d’un centre jumeau de l’autre côté de la Manche et un dédommagement. Elle a d’ailleurs exigé "50 millions d’euros pour pallier les préjudices subis économiquement" par sa ville, aux gouvernements français et britannique.
Voilà maintenant sept ans que cette quinquagénaire s’est installée sous le beffroi en brique rouge et tape à toutes les portes des gouvernements successifs pour obtenir de l’aide. Le 31 août dernier, plus de dix ans après la fermeture de Sangatte, le Premier ministre Manuel Valls s’est rendu sur place et a annoncé la construction d’un campement humanitaire pour 1.500 migrants. Une petite satisfaction pour la maire qui réclamait cette mesure depuis un an.
La crise migratoire ? Natacha Bouchart l’a vu venir : "Il y a un an, on a bien remarqué ici que les flux augmentaient". A l’époque, elle interpelle dans les médias les ministres, l’Europe, les Anglais. Rien. "De 2012 à 2014, ça a été la période la plus dure, nos dispositifs sont devenus obsolètes", confie-t-elle. "Les responsables européens auraient pu anticiper et préparer les populations européennes, les rassurer".
Sur le droit d’asile aussi, l’élue estime que l’Europe aurait dû s’interroger. A rebours de sa famille politique, Natacha Bouchart refuse de dissocier celui qui est venu parce qu’il avait faim de celui qui était menacé par les armes.
l n’y a pas de sous-migrants ! Le droit d’asile devrait englober les deux !"
"Elle recherche toujours l’équilibre entre fermeté et humanité"
Cette petite dame au visage rond a raflé en 2008, à la surprise générale, la mairie de cette ville de 77.000 habitants qui était depuis 37 ans aux mains des communistes. Personne ne pariait sur la victoire de cette native de Lens dans la ville portuaire. Et pourtant.
Tout a commencé lorsqu’à 16 ans, Natacha Bouchart décide d’écrire à Michel Debré après l’avoir vu à la télévision proposer une compensation financière pour les femmes qui élèvent des enfants à la maison.
Je lui ai écrit pour lui dire tout le mal que j’en pensais : ça réduisait le rôle des femmes, ça les cantonnaient au foyer et qu’il fallait qu’elles puissent travailler !"
A son grand étonnement, Debré lui répond et l’invite à s’engager en politique. Elle prend sa carte au RPR le lendemain.
Son père Maurice Keuroglanian est déjà engagé dans le parti. A l’époque l’ancien ministre et désormais président du CESE Jean-Paul Delevoye a à peine 30 ans quand il fait la connaissance de ce "gentil volubile" qui vend, avec sa femme, du tissu d’ameublement sur les marchés. Tous deux partagent la même admiration pour le général De Gaule. Natacha Bouchart n’est encore qu’une enfant. Mais quand il prend la tête de la fédération RPR du Pas de Calais en 1987 c’est à elle, devenue entretemps une militante très active, qu’il propose le poste de secrétaire.
Toujours très liés, c’est lui qui l’a parrainée lorsqu’elle a été décorée de l’Ordre du mérite et, pour la petite histoire, il l’a même marié dans sa ville de Bapaume. L’ancien ministre qui a quitté l’UMP se dit "admiratif" de sa gestion de la ville mais surtout de la problématique migratoire : "Fidèle à ses convictions, elle recherche toujours l’équilibre entre fermeté et humanité".
Fille de réfugiés
"Je suis un funambule", répète à l’envi Natacha Bouchart. Sa méthode ? "Il faut toujours gérer au plus juste, éviter des débordements avec l’afflux de réfugiés et avec la population. Si on fait trop dans l’humanité, on crée un sentiment d’injustice et trop de fermeté, on devient totalitaire. Il suffit d’appliquer les lois de la République". Tout en consacrant du temps aux autres dossiers de la ville : la rénovation urbaine, le projet de parc d’attraction etc... A la recherche perpétuelle de l’équilibre, la maire estime que jusqu’à présent ça s’est passé "le moins mal possible".
Son "humanité" lui vaut toutes les attaques de l’extrême droite. Le vice-président du FN, Florian Philippot l’avait d’ailleurs dans le viseur lors de l’université de rentrée du Front national à Marseille. En cause une déclaration faite début septembre à "Valeurs Actuelles" : "les migrants, une richesse culturelle exceptionnelle".
Les assauts du FN font sourire la maire : "Oui, c’est une richesse !" Comment pourrait-elle dire le contraire, elle, fille de réfugiés arméniens et polonais ? Une histoire qu’elle ne met pas pour forcément en avant : "C’était des réfugiés politiques, leur objectif était de s’intégrer. Ici, il y a moins de 10% de demandes d’asile".
"Il y a Natacha et il y a Bouchart"
La gauche non plus n’est pas tendre avec elle. Si elle a pourtant participé à son élection puis à sa réélection en 2014, elle ne lui pardonne pas son "appel à la délation". En octobre 2013, Natacha Bouchart invite les Calaisiens sur Facebook à signaler la présence de squats dans la ville. "Quand on n’est pas concerné c’est choquant", admet l’élue, "mais je suis allée au-delà et tant pis si un jour c’est écrit sur ma tombe !" Désormais une loi porte son nom : la loi Bouchart qui vise "à préciser l’infraction de violation de domicile". "J’ai réglé un problème national et la loi a été votée à l’unanimité", ajoute-t-elle non sans fierté.
"C’est un caméléon, elle n’a pas peur des virages à 360 degrés", commente le député socialiste du Pas-de-Calais, Yann Capet. Lequel s’agace aussi de sa "politique du buzz" et de sa façon de s’approprier parfois le succès ou les idées des autres. "Elle la joue un peu trop perso", abonde un autre acteur local.
"Il y a Natacha et il y a Bouchart", ironise de son côté Philippe Blet (MRC), "Natacha ouvre le centre d’accueil Jules Ferry et Bouchart prend un arrêté anti-migrant". Celui qui en 2008 avait passé un accord électoral avec la candidate UMP, renouvelé en 2014 (à Natacha Bouchart la mairie, à lui la présidence de la communauté d’agglomération) est amer. Poussé vers la sortie, Philippe Blet a finalement démissionné de Cap Calaisis en avril 2015. Il voulait augmenter les impôts, elle non. Et ce n’est pas leur seul désaccord. "Elle navigue à la godille", tance l’élu qui souligne, non sans malice, que le traité du Touquet que la maire dénonce aujourd’hui, a pourtant été signé avec les Britanniques par Sarkozy en 2003.
Et Bouchart c’est une midinette devant Sarkozy ! C’est le fan club".
"Je ne suis pas béate", se défend-elle. Natacha Bouchart et Nicolas Sarkozy se connaissent depuis longtemps. La première fois qu’ils se sont rencontrés, il est délégué national des jeunes du RPR, elle déléguée des jeunes du département. Elle apprécie son franc-parler. En octobre 2007, elle vient le voir à l’Elysée pour obtenir l’investiture pour Calais.
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