Et maintenant querelle de (gros) sous chez les Le Pen !

Et maintenant querelle de (gros) sous chez les Le Pen !

Par Maurice Szafran

Publié le 26-07-2015 à 09h54   -   Mis à jour à 12h13

Les ressources financières du FN : nouveau combat impitoyable dans la famille Le Pen à quelques mois des élections régionales, puis de la présidentielle, où le contrôle de l'argent devient un impératif politique. Ambiance...


Quiconque s'est intéressé à la biographie de Jean-Marie Le Pen sait avec moult détails à quel point le vieux chef d'extrême-droite chérit l'argent.

A la tête de ce qui n'était alors qu'un groupuscule fascisant, gérant de la Serp, une petite maison d'éditions discographiques, Le Pen a toujours trouvé les moyens de vivre comme un grand bourgeois ... qu'il n'était pas.

Jusqu'au jour où, dans de fort troubles circonstances, il récupéra une grande partie de l'héritage d'un industriel foutraque d'extrême droite, Hubert Lambert.

Dés lors, Le Pen prendra habitude de "claquer". D'autant plus qu'il considérera qu'il dispose de la liberté d'utiliser selon son bon vouloir l'argent du Front National - lequel, en certaines périodes, n'en manquera pas.

Les ressources financières du FN, ce parti oligarchique et familial ? C'est précisément le nouveau foyer de guérilla qui oppose entre eux les Le Pen, père-fille-petite fille confondus.

Du bien crade, une fois encore. Et du violent, car à quelques mois des élections régionales, puis de la présidentielle, le contrôle de l'argent devient un impératif politique. Et les "filles" Le Pen savent que Jean-Marie Le Pen se battra jusqu'au sang pour ne pas se laisser détrousser.

L'enjeu du financement des futures campagnes électorales...

Ce nouvel épisode nécessite toutefois quelques explications et rappels préalables.

Depuis les différentes lois sur le financement des campagnes électorales, les principaux leaders politiques, pour assurer leur financement et celui du parti, en passent par la structure dite des micropartis ; celui de Jean-Marie Le Pen, fondé en 1988, a pour patronyme Cotelec - contraction de "cotisations électorales". Les ressources de Cotelec ? Des dons accordés par des sympathisants et militants, des prêts souscrits auprès de banques et de riches amis. En 2013, pour financer les élections municipales et régionales de 2014, Cotelec avait ainsi avancé 4 millions d'euros au Front National et un million et demi à différents candidats.

Depuis longtemps, Marine Le Pen se méfie et se défie de Cotelec car elle sait la structure sous l'emprise totale de son père et elle sait mieux encore à quel point l'argent et le contrôle de l'argent l'obsèdent.

Voilà pourquoi, bien avant le conflit politique et la rupture, quand en apparence tout allait pour le mieux entre eux, Marine Le Pen a pris soin, dès 2010, de créer son propre microparti, baptisé Jeanne celui là

Or il se trouve que la justice a récemment mis la "personne morale" Jeanne en examen, soupçonnant un détournement d'argent (10 millions d'euros!) pour le financement des campagnes présidentielle et législative de 2012.

Ça fait mauvais genre et rend d'autant plus crucial le contrôle de Cotelec. "C'est l'argent des militants et des sympathisants, font remarquer - à raison - les proches de la présidente. Ces fonds, d'un point de vue moral, n'appartiennent pas à Jean-Marie Le Pen"...

Avec Cotelec, Le Pen père conserve une force de frappe

D'un point de vue moral certes pas, mais dans un étripage familialo-politique où chacun veut la peau de l'autre, Cotelec devient un instrument de pression, voire de chantage, non négligeable. Sans toutefois négliger que le Front National, celui de Marine Le Pen et non plus, quoi qu'il arrive celui de Jean-Marie Le Pen, est un parti riche depuis qu'une banque russe lui a accordé en novembre dernier une avance de ... 9 millions d'euros !

L'affaire Cotelec garde toutefois un goût particulier, car c'est en quelque sorte l'argent des Le Pen, l'argent récolté au nom des Le Pen Père et fille qui est en jeu. Au plan du symbole, il pèse aussi lourd que l'argent "russe" même si le volume des sommes en jeu n'est pas comparable.

S'il en est une qui, dans cet affrontement tribal, ne perd pas la tête et entend coûte que coûte se protéger des miasmes familiaux, c'est Marion Maréchal Le Pen, la petite fille et nièce.

Candidate à la présidence de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, elle vient de faire savoir qu'elle refusera tout financement venant de Cotelec et de Jeanne, qu'il n'y a d'ailleurs là rien de nouveau, qu'il en était déjà ainsi dans ses précédentes campagnes.

Ambiance chez les Le Pen... À suivre et même dans les jours qui viennent.

http://www.challenges.fr/politique/20150726.CHA8161/et-maintenant-querelle-de-gros-sous-chez-les-le-pen.html