150 lycéens normands à Auschwitz

Ginette Kolinka, rescapée d'Auschwitz-Birkenau

A l’invitation du Conseil Régional de Normandie et du Mémorial de la Shoah, 150 lycéens normands se sont rendus en Pologne, hier mercredi 23 mars, pour visiter les camps d’Auschwitz et d’Auschwitz-Birkenau.

« Ce voyage d’études a pour objectif de susciter la réflexion des jeunes sur les dimensions historiques et mémorielles du génocide de près de 6 millions de Juifs. Nous espérons aussi favoriser l’éducation de ces jeunes à la citoyenneté et développer leur vigilance démocratique » a déclaré Bertrand Deniaud, vice-président de la Région Normandie en charge des lycées et de l’éducation, également présent sur le site.

Aux côtés de la délégation normande ( composée notamment de Catherine Astol, Inspectrice d’Académie, Inspectrice Pédagogique Régionale d’Histoire-Géographie, référente mémoire et citoyenneté pour l’Académie de Rouen, de Mathias Orjekh, coordinateur des voyages d’études sur les lieux de mémoire pour le Mémorial de Shoah) : Ginette Kolinka, rescapée du camp d’Auschwitz Birkenau.

Le 13 mars 1944, à Avignon, en rentrant déjeuner chez ses parents, cette jeune femme alors âgée de 19 ans, avait fait face à des agents de la Gestapo venus les arrêter. Elle a été incarcérée à la prison des Baumettes, à Marseille, avec son père, son petit frère de 12 ans, Gilbert, et un neveu, Georges, âgé de 14 ans.

Tous les quatre ont été transférés au camp de Drancy le 2 avril, et déportés à Auschwitz le 13, au départ de la gare de Bobigny, dans un convoi de 1 500 personnes.

A l’arrivée à Auschwitz, son père et son frère, fatigués, sont montés, sans le savoir, dans les camions qui ont fait route vers les chambres à gaz. Ginette a fait partie d’un groupe de 91 femmes sélectionnées pour le travail, et a reçu le matricule 78599.

Elle n’a pas revu Georges, son neveu, emmené au camp des hommes. Fin octobre 1944, elle a été transférée à Bergen-Belsen, puis en février 1945 dans une usine de matériel aéronautique à Raguhn, près de Leipzig.

A l’approche des troupes alliées, le 13 avril 1945, elle a été placée dans un nouveau convoi en direction du camp de Theresienstadt où elle est tombée malade du typhus. Libérée par l’Armée rouge, elle a été rapatriée à Lyon le 3 juin et a regagné à Paris où elle a retrouvé sa mère et quatre de ses cinq soeurs.

C’est donc guidés par cette survivante des camps de l’horreur que les lycéens ont parcouru Auschwitz, depuis “la rampe des juifs” jusqu’aux vestiges des chambres à gaz.

Le voyage comme temps fort d’un projet pédagogique
Depuis 2010, l’ex Région Basse-Normandie, en partenariat avec les autorités académiques, propose, chaque année, un projet pédagogique mené par les jeunes sous la responsabilité de leurs enseignants. Le voyage d’étude à Auschwitz organisé par le Mémorial de la Shoah en est le temps fort. Le dispositif d’éducation mémorielle a été élargi, cette année, à l’ensemble du territoire de la nouvelle Région normande.

Dix-huit lycées et CFA ont répondu à l’appel à candidature lancé par la Région. Un jury associant l’ensemble des partenaires a sélectionné six projets. Ils sont présentés par les lycées Le Verrier de Saint-Lô (Terminales L), celui des Andaines de La-Ferté-Macé (Terminales Menuisiers et Constructeurs Bois), celui de Salvador Allende d’Hérouville-Saint-Clair (Terminales L), celui des Porte de Normandie de Verneuil-sur-Avre (Premières), celui d’Anguier d’Eu (Secondes) et le CFA agricole d’Yvetot (Terminales Pro).

Chaque projet aboutira à l’élaboration d’une production (éditoriale, vidéo, audio…) en lien avec le voyage d’études et les témoignages de rescapés des camps. Ces réalisations seront présentées dans chaque établissement, puis le 25 mai au Mémorial de Caen.

Les projets des élèves sont les suivants :

Le CFA Agricole d’Yvetot réalise une vidéo sur des Justes ayant vécu dans les environs d’Yvetot.

Le lycée Anguier d’Eu, sur le modèle de « draw my life », prépare le récit de l’histoire de la famille Salmona qui vécut au Tréport avant d’être déportée et assassinée à Auschwitz. Dans l’optique d’une transmission à des élèves de CM2, ce travail présentera en particulier la figure de Rachel Salmona tuée dans sa dixième année.

Le lycée Porte de Normandie de Verneuil-sur-Avre réalise un livre numérique sur l’histoire d’André Landeman, enfant caché à Verneuil sur Avre et l’histoire de la famille Rakovsky qui a résidé à Breteuil sur Iton. Leurs parents sont morts en déportation, les enfants furent cachés par Monsieur et Madame Tromp. Ces derniers reçurent la médaille des Justes à titre posthume en 2003.


Le lycée Le Verrier de Saint-Lô écrit un « roman graphique » sur l’histoire d’une enfant cachée à Saint-Lô qui vit aujourd’hui à Paris.

Le lycée Salvador Allende d’Hérouville-Saint-Clair relate l’histoire de Simon Igel, rescapé du camp d’Auschwitz, décédé en janvier 2015. Simon Igel était venu témoigner de nombreuses fois dans le lycée.

Le lycée des Andaines à La-Ferté-Macé réalise une vidéo sur l’histoire de Szprinca Kruczyk-Woda qui vécut à quelques kilomètres du lycée avant d’être déportée et assassinée à Auschwitz en 1942.